Missions de Lire en Afrique en juillet 2005

lundi 6 mars 2023
par  LEA

OBJECTIFS DE LA MISSION du 8 au 29 juillet 2005 :

-  Participer à la mise en place de la nouvelle bibliothèque du foyer de Dioffior.
-  Faire découvrir à Odile, les nouvelles bibliothèques LEA créées depuis ces dernières années.
-  Participer à l’inauguration de la bibliothèque de Pikine.
-  Mener une enquête sur la lecture, parmi les lecteurs des bibliothèques LEA.
-  Finaliser le dossier (factures, convention) pour obtenir le remboursement des 800 000 FCFA avancés par LEA en paiement des étagères de Mlomp et Kagnobon.
-  Trouver un local où stocker les cartons en surnombre laissés dans la bibliothèque de
-  Participer à la remise officielle des livres d’ADIFLOR le 13 Juillet 2006 et y présenter les kits thématiques.

VISITES DES BIBLIOTHÈQUES LIRE EN AFRIQUE

N’dande

M’baye Fall qui nous attend à la bibliothèque. Sur la nationale, la bibliothèque se voit de loin, M’baye Fall a fait un panneau sur une plaque de contreplaqué offert par sa fille et peint par son fils.
Le mobilier a été livré le 15 Juin. Il est parfait peint en bleu et blanc, assorti aux murs peints en bleu. Les livres ont déjà été installés, M’baye Fall avait numéroté les sacs de livres pour le déménagement (15 sacs et 9 cartons). C’est lui qui a tout installé immédiatement. Dès le redémarrage, de nouveaux lecteurs sont venus s’inscrire. Ils sont passés de 93 à 110. Le sous-préfet et son fils sont venus s’inscrire.
M’baye Fall est enchanté du stage qu’il vient de suivre à St Louis. Il partageait la même chambre que El Hadj Omar Dieng de Dagana. Il dit « Je recommence tout à zéro. Je croyais qu’il suffisait de bien gérer les prêts mais j’avais oublié beaucoup de choses …. Il a regroupé 10 jeunes : 6 filles et 4 garçons et va les former à la gestion de la bibliothèque pendant les vacances.
Il rayonne dans ses nouveaux locaux, après ces deux ans d’angoisse de l’expulsion : « c’est dieu qui l’a voulu ».
Les livres expédiés sont intégrés dans les rayonnages et il reste un peu de place sur les étagères, nous allons lui préparer 5 cartons à prendre à Pikine : les 3 cartons du kits manuels et deux cartons de petits classiques ainsi que les livres sur la contraception dans le bac bleu et un lot de cahiers pour renouveler les registres. M’baye Fall se débrouillera pour venir chercher les livres dès le lendemain de leur préparation.
Il est partant pour une formation à Kayes il a répondu : « à votre disposition ».
Son projet est de faire électrifier la bibliothèque pour pouvoir ensuite projeter des films.

Dagana

El Hadj Omar Dieng a participé au stage de Saint Louis. Je lui téléphone au numéro de son voisin. Il est enchanté du stage. Sa situation s’est améliorée, il a un contrat avec la mairie, mais il n’a pas encore touché d’argent. Pour le séminaire, il n’est pas venu parce que la mairie n’a pas débloqué l’argent du voyage. Il a beaucoup apprécié les échanges avec M’baye Fall dont il partageait la chambre. Il est partant pour un stage à Kayes. A Dagana, il y a une nouvelle bibliothèque installée par les chinois.

Thilmakha

Nous arrivons le dimanche dans la matinée. Un groupe d’une dizaine de jeunes nous attend à la bibliothèque. La veille, à notre demande, ils ont sorti les livres des cartons et les ont installé sur les 3 étagères mais il manque de place, c’est trop serré. Matar Fall vient de faire le stage de Saint Louis, il nous en fait une synthèse remarquable. Il a demandé des étagères à Coumba lors du stage, je confirmerai la demande à la DLL.
Nous proposons de reclasser les livres en distinguant des zones : jeunesse, manuels, romans et documentaires et nous nous y mettons tous.
Le sol est très endommagé nous demandons de refaire une chape et un enduit de ciment et faisons appeler un maçon. Il arrive et fait un rapide calcul : ça coûtera 50 000 FCFA Matar va demander au conseil rural et nous aviser . Le lendemain il nous apprend que le conseil rural est d’accord pour payer le sol et la réfection de la toiture.
Tout le local a été donné aux jeunes mais il faudrait également réfectionner la grande salle qui pourrait servir de salle de projection.
La bibliothèque doit entrer en fonction au mois d’août. Les jeunes ont l’habitude d’organiser des cours de vacances.
Le programme de cette année est le suivant :

  • Le 2eme samedi d’août : cérémonie de remise des prix aux élèves : les 2 premiers de chaque classe.
  • Le lundi suivant démarrage des cours de vacances destinés à tous les élèves. Ils se tiendront de 15H à 18H chaque jour, le matin, les enfants vont aux champs. Les cours sont donnés par les étudiants et les terminales, l’an dernier il y a eu 4 classes de 20 en double flux.
    En plus il y a des campagnes de sensibilisation : sida, reboisement.
    Dans une période normale, chaque agriculteur sème 100 à 200 kg d’arachides avec un champ de mil et un champ d’haricot.
    La tombe de Lat Dior est à Diékelé est à 7 km de Thilmakha.

Ouakam

Nous irons à trois reprises et ne rencontrerons jamais personne ni la bibliothécaire ni le directeur du centre. Tout semble fermé. Pape Alioune est resté très évasif mais on peut en déduire que la bibliothèque ne fonctionne pas. Pape nous a dit « quand vous reviendrez au mois de novembre on fera le point ». En ce qui le concerne c’est toujours au point mort. Selon Sali, les ouakamois boycottent les activités liées au nouveau maire de Ouakam.

Pikine

Nous passons le lundi 10 juillet. Personne. Rien ne semble avoir changé depuis mai, les livres sont toujours là où ils avaient été posés, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas été classés. Des jeunes filles arrivent. La bibliothèque a demandé à une dizaine de membres du club des lecteurs de venir pour enregistrer les livres mais les bibliothécaires n’étant pas là elles attendent, elles ne sont pas autonomes.
Nous demandons pourquoi les promesses n’ont pas été tenues : ouverture au public le 1er juillet, inauguration officielle le 9 juillet. Personne ne semble s’en souvenir et Baba N’diaye annonce qu’il part en Italie et qu’on ne pourra pas se rencontrer (alors qu’il viendra à la DLL pour la remise officielle des livres).
Nous ne repasserons pas.

Loul Sessene

Nous passons à Loul Sessene sur la route de Dioffior après avoir pris rendez-vous. Nous leur apportons les 3 cartons du kit manuels que Remy nous a réclamés. Tout le monde est là.
Au sujet de la nouvelle bibliothèque en construction, il s’agit de la construction du nouveau CEM en cours, quelques classes sont déjà sorties de terre ainsi que la future bibliothèque/centre de documentation du CEM. Le directeur nous dit que le bloc direction va bientôt démarrer et qu’il pense déménager prochainement.
L’actuel bureau du proviseur du CEM et la bibliothèque communiquent, nous leur suggérons de solliciter la communauté rurale pour récupérer le local et en faire une salle de lecture en utilisant ainsi toutes les tables et chaises qu’ils ont en trop.
Il sera nécessaire de faire faire 3 nouvelles étagères pour installer tous les livres en cartons (plus de 20 cartons non encore déballés depuis février 2004). Remy nous dit que la mairie a voté un budget de 600 000 F pour la bibliothèque.
Le bibliothécaire nous dit que l’ouverture de la bibliothèque à l’école primaire a fait chuter le nombre de lecteurs de moitié : 90 actuellement pour 2500 livres.

Dioffior

  • CEM
    Nous passons au CEM. Dans le bureau du directeur de nombreux cartons. Ils reçoivent les manuels du projet Banque Mondiale. Ils en donneront 1 pour 2 élèves et tenant compte des lieux d’habitation : la même concession, des voisins.
    Dans la bibliothèque nous rencontrons monsieur Thiam, le professeur de français, il nous réclame le kit contes africains promis.
  • Foyer de Dioffior
    Les étagères ne sont pas livrées. Nous avions prévu un séjour de quelques jours mais nous écourtons. Cheikh N’diaye, le chauffeur et Alioune nous accompagnent. Nous passons la nuit au foyer.
    Cheikh Thiam, le bibliothécaire, va aux champs en ce moment comme toutes les forces vives sérères. C’est la pleine saison du désherbage des champs de mil et d’arachide. L’enregistrement des livres est en cours, moitié a été réalisé.
    Lamine Thiam, le président du foyer, nous montre la facture de l’entreprise, elle a facturé 600 000 FCFA (+TVA à 18,60 %) pour un meuble de rangement et la commune l’a payé depuis un an. Lamine nous apprend que l’entrepreneur explique le retard à cause de verre. Nous comprenons alors qu’il veut faire un meuble living avec portes en verre.
    Nous nous mettons immédiatement au travail : mesure des murs (5 étagères de 2M x2 M peuvent tenir dans la pièce), croquis des étagères, conseils sur les finitions. Il y en a un menuisier en face du foyer, son devis s’élève à 330 000 FCFA. Je propose qu’on monte à 400 000 FCFA. Nous ajoutons donc un bac à BD de 1,50 m de long (25 000 F), un présentoir de 0,80 x 1,70 sur 0,10 d’épaisseur (17 000 F) et une table de prêt de 1 m x 0,60 (25 000 F) , ce qui fait 400 000 FCFA.
    Lamine Thiam téléphone à l’entrepreneur. Après une heure de pourparlers sans succès, nous décidons de solliciter la mairie et lui proposons notre plan afin qu’elle intervienne à son tour. De nouveau une heure de parlotte au téléphone et l’entrepreneur veut faire baisser le prix du menuisier à 250 000 FCFA (ce qui lui laisse une marge de 458 000 FCFA).
    En rentrant au foyer le menuisier nous attend, il s’est trompé dans son devis, les étagères coûteront 185 000 finalement le tout reviendrait à 252 000 FCFA.
    Encore quelques coups de fil et le menuisier est chargé de réaliser le mobilier. Avant de rentrer en France, un dernier coup de fil nous apprend que tout est en bonne voie d’achèvement.
    Nous quittons Dioffior a regret, nous aurions bien aimé participer activement à l’installation de cette bibliothèque, mais le menuisier demande 15 jours de délais et alors nous serons rentrées a Paris.
  • Informations données par Alioune Cissé
    Le soir, Alioune Cissé vient nous rendre visite au foyer, il était aux champs la journée. Lui et ses frères cultivent 60 hectares, en mil, arachides. Un autre frère élève un troupeau vers Samba Dia. Tout semble être en indivision. Il nous apprend quelques particularités locales, parmi lesquelles :
    Les sérères sont de tradition matrilinéaire. Chaque fille doit pouvoir citer 15 générations d’aïeules, ( à 3 générations par siècle, elles remontent 5 siècles). On les entraîne toutes petites à répéter. Une fille qui n’est pas capable de nommer ces 15 aïeules est dite « sans famille »
    Le soir, en veillée dans la cour, on a coutume de raconter les contes sérères. Les gosses les connaissent et les réclament. Certaines personnes racontent très bien et sont sans cesse sollicitées par les enfants.
    Chez lui, pendant l’année scolaire, en plus de ses 7 enfants, il accueille 20 neveux qui mangent et dorment chez lui pour pouvoir fréquenter le CEM de Dioffior. Heureusement nous dit-il, une classe de 6eme va ouvrir à Samba Dia à la rentrée d’octobre, sinon il aurait eu 4 nouveaux pensionnaires, soit 24 neveux à accueillir. Selon lui ce n’est pas un problème, on trouve toujours de la place et pour la nourriture, il y a les sacs de mil et d’arachides cultivés collectivement.
    Alioune Cissé réclame un stage qualifiant pour améliorer sa situation. Il a 50 ans.

Sébikotane

Nous prenons RV avec Germaine Coly et passons comme convenu le vendredi matin à 10H. Trois bibliothécaires sont présents dont 2 nouveaux. Babacar Diouf est à Dakar pour la journée, Adama Diène et Assane Seck, profs de français font passer le bac.
Toujours identique à elle-même, la bibliothèque de Sébikotane est sale et les livres sont déclassés. Nous commençons par trouver un balai et retirons plusieurs pelles de sable et poussière du sol. En déplaçant les bacs à BD nous nous apercevons vu la masse de terre déplacée qu’ils sont attaqués par les termites. De grosses galeries de terre en recouvre le fond et une partie du bois est d’ores et déjà digéré. Nous retournons tous les bacs à BD pour retirer les galeries terreuses et les vidons tous pour nettoyer et ranger les albums.
Nous nettoyons les livres et les étagères et entreprenons de reclasser les documentaires. Les 3 bibliothécaires nous regardent faire. Nous leur proposons de classer les romans par ordre alphabétique de nom d’auteur mais sans succès, ils préfèrent nous regarder travailler. Ils attendent les instructions de Babacar Diouf pour faire quelque chose !!!
La bibliothèque ferme à midi, un seul lecteur est venu, le collègue de l’école privée de Babacar, c’est un grand lecteur, il lit des romans adultes. Nous attendons Gana Fall devant la porte il est en réunion des agriculteurs dans une salle du foyer équipée d’un ordinateur et d’internet.
Des lecteurs de CM2 arrivent alors que la bibliothèque est fermée, nous les recevons. Ils n’empruntent que des albums et ne sont jamais allés voir du côté des fictions jeunesse, nous les incitons a essayer les petites fictions.

Yoff centre socio-culturel

Rokhaya N’gom aide bibliothécaire recrutée par la mairie de Yoff ; La bibliothèque ouvre du mardi au vendredi 9 à 14h, les prêts sont pour 2 semaines. 124 abonnés surtout des élèves du CEM. Ils « regardent » les livres sur place ou ils empruntent des albums, des romans des œuvres du programme. Quand ils ne trouvent pas dans les étagères ils cherchent dans les cartons.
Pour les exposés, les élèves demandent des documents en histoire géo ou les auteurs du programme. S’ils ne trouvent pas ici, ils vont sur Internet à l’extérieur.
Elle n’a pas le temps de lire pour elle-même, ne lit pas à la maison, sa famille, qui habite tout près ne fréquente pas la bibliothèque parce qu’ils ont des livres dans leur école privée. Quand elle était élève au collège Notre-Dame, elle en a fréquenté la bibliothèque.
Elle doit enregistrer les ouvrages empruntés mais elle ne réclame pas les livres non retournée, c’est Mbène Diack la bibliothécaire qui le fait.
Elle n’a pas reçu de formation. Ce métier l’intéresse : il consiste à enregistrer le livres, avoir un rôle dans l’accueil, montrer les documents dans les rayons.

BIBLIOTHÈQUES SOUTENUES PAR LIRE EN AFRIQUE

N’gor

Nous allons visiter la bibliothèque de N’gor déménagée dans le nouveau centre socio-culturel. Heureuse surprise, la bibliothèque est propre, bien rangée, les livres sont classés, il y a même des plantes vertes.
La bibliothécaire adjointe, Ami Diène, originaire de Joal est passée par là. C’est elle qui nettoie les livres et les étagères chaque matin, tandis que la femme de ménage du centre socio culturel nettoie de sol.
Nous ne réussirons pas à connaître précisément le nombre d’adhérents, mais selon toute évidence il y en a peu. Pendant que nous étions là, personne n’est venu. Selon Alioune, il n’y a pas de lecteurs à N’gor qui est situé dans une zone touristique où les populations, y compris les jeunes, tirent leurs ressources des activités touristiques (hôtels, restaurants, pirogues, activités artistiques de N’gor, Ile de N’gor + Les Almadies). Les jeunes auraient un taux de réussite au BEFM de 3% tandis que ceux de Yoff atteindraient 60 %.
Moussa Gueye, le bibliothécaire demande à être intégré au réseau LEA pour qu’on lui donne des livres. Devant la perspective de faire un bloc des centres socio-culturels (N’gor, Ouakam, N’gor, Point E) nous entrouvrons la porte et décidons de laisser en test un kit thématique : l’Egypte. Moussa nous dit qu’il va prévenir le COJEN où il y a de nouveaux jeunes très dynamiques.

Rufisque

La bibliothèque ferme en août et dès le 14 juillet, ils demandent le retour des livres et ne prêtent plus.
Les 3 m3 de livres reçus via le directeur de la SOCOCIM (Mr Bavard) sont toujours dans leurs cartons sous le haut vent. Ce sont des romans du pilon de France Loisirs adressés à la papeterie de Grenoble faisant partie du groupe VICA. Ni Amadou Tidjane Diallo ni la bibliothécaire ne semblent pressés de les traiter.
La proposition de A T Diallo pour stocker nos cartons de livres en attente à Pikine serait sous le haut vent en les protégeant par une bâche.
A T Diallo nous conseille de rencontrer son directeur qui pourrait peut-être nous donner un local parce que la SOCOCIM dispose de beaucoup de locaux à Rufisque, mais le directeur est actuellement en vacances en France.
La SOCOCIM soutient la bibliothèque de Keur N’diaye Lo, installée par une association française. La SOCOCIM a donné le ciment pour la construction et en ce moment une jeune fille fait un stage de 6 mois au Cercle Maurice Gueye.

CLAC de JOAL

Pendant les quelques jours passés à Joal, nous visitons la bibliothèque du CLAC de Joal. Son fonds documentaire est de 7200 livres dont beaucoup viennent du Canada. Joal est jumelé avec une ville du Canada ainsi qu’avec Nogent sur Seine. Il y a beaucoup d’abonnements (Afrique magazine, le soleil, le monde diplomatique, sciences et vie junior, jeune Afrique). Le plus demandé : les œuvres au programme, les journaux, la littérature jeunesse.
520 abonnés, en Juin il a reçu 1400 lecteurs, 2000 en mai. Les lecteurs ont entre 13 et 16 ans.
Dans la salle de projection on passe des vidéos (Harry Potter), chaque spectateur paie 50 F par projection.
La mairie donne un budget de fonctionnement de 600 000 FCFA pour payer l’eau et l’électricité
Nogent sur Seine donne une subvention de 1 800 000 FCFA qui permet de salarier les 5 permanents (1 gardien, 1 femme de ménage et 3 animateurs/bibliothécaires).
L’ACCT (agence de l francophonie) donne 200 000 FCFA pour financer les actions d’animation.
L’ACCT va investir 100 millions de FCFA pour rénover les CLAC. A Joal ils veulent transformer le théâtre de verdure (100% béton) jouxtant le CLAC et le transformer en salle de spectacle couverte mais i
Le budget est insuffisant.
Les bibliothécaires des CLAC et ceux des Bibliothèques Régionales viennent d’être réunis en séminaire à l’Alliance Française de Dakar. Un autre séminaire est prévu en septembre.

Koungheul

Bara Gueye nous appelle, se souvenant que nous devions venir au Sénégal en juillet. Il nous invite à déjeuner chez lui. Son appartement est situé au dessus de son école privée à Grand Yoff. Nous prenons un taxi, mais devant la complexité de l’itinéraire, Alioune nous accompagne.
Son école privée ouvre sur une place de la ville qui doit servir vraisemblablement de cours de récréation. Une librairie papeterie est ouverte dans les locaux ouvrant sur la rue, elle vend des fournitures scolaires.
Il y a 2 étages de salles de classe. Toutes les classes ouvrent sur un couloir central (portes et fenêtres) sans ouverture extérieure. Bara Gueye nous dit avoir des classes de 20 élèves mais Alioune comptera plus de tables bancs, le prix est selon les classes de 9000 à 12 000 FCFA par mois. Heureusement que nous sommes venues pendant les vacances je n’ose imaginer la chaleur et le bruit dans ces salles sans aération et sans lumière naturelle.
Selon Alioune, les écoles privées sont devenues un vrai business, un excellent investissement pour hommes d’affaires.
Nous lui apprenons que 600 livres adultes sont prêts à Paris (en plus des 400 donnés en mai) et que nous allons collecter des livres jeunesse. Le tout arrivera probablement au cours du premier trimestre 2006. Il va falloir une convention pour éviter la location de ces livres.
Bara Gueye a reçu les étagères de la DLL mais en a réclamé de nouvelles que la DLL va lui fournir en provenance de Kebemer. Il a déjà 1100 livres.

En plus de Koungheul, il demande une bibliothèque pour son école privée à Grand Yoff.

PROJETS DE BIBLIOTHÈQUES

Point E

Nous allons à point E. Louise Faye n’a pas encore installé les 400 livres donnés en mai, elle attend les étagères de la mairie de Dakar . Selon elle, depuis notre lettre à Pape Diop çà a bougé. Pape Diop aurait signé un papier pour faire débloquer la situation et l’équipement des bibliothèques de Yoff, Point E et Fass serait prioritaire. Cependant aucune date n’est avancée et Louise ne sait pas où çà en est.
Pour la bibliothécaire, elle a en vue une diplômée de l’EBAD mais elle ne la recrutera que lorsqu’elle pourra installer la bibliothèque.
Nous lui annonçons l’arrivée de 2000 Livres d’ores et déjà mis en cartons à Paris pour le 1er trimestre 2006. Elle est très contente de la nouvelle et elle pense mettre la bibliothèque en bas dans la grande salle mais alors elle n’aura plus de salle polyvalente.
Elle pense recevoir beaucoup de retraités dans sa bibliothèque. Il y a aussi 7 écoles à proximité y compris le lycée où Alioune a été élève. L’arrêt du bus N°8 Yoff/Dakar se trouve sur le trottoir devant le centre socio culturel de Point E.

Yoff

  • Ecole Sato Eisaku (japonaise) de Yoff Nord Foire
    Monsieur Diagne insiste pour que nous équipions la nouvelle salle de bibliothèque. Il nous emmène visiter l’école nouvellement construite par les japonais dans le nouveau quartier Nord foire, situé après la cité BCEAO. Des routes goudronnées y conduisent.
    L’école a ouvert en février 2005. Elle compte 12 classes et une salle pour une bibliothèque équipée de tables, chaises et étagères pouvant accueillir au moins 1500 livres. Il y a déjà 420 livres donnés par les japonais. Ils sont allés chercher des élèves en cours d’année scolaire dans les autres écoles pour démarrer avec 436 élèves. A la rentrée 2005, il y aura réellement les enfants du quartier.
    Nous rencontrons le directeur et posons la question de la gestion de cette bibliothèque. Selon lui, seules les personnes de l’éducation nationale sur lesquels il a autorité sont habilitées à entrer dans son école.
    Monsieur Diagne nous dit de donner les livres et qu’après ils aviseront pour la gestion.
    Nous lui rappelons nos anciennes propositions : lorsque les bibliothèques installées à Yoff fonctionneront à école 3 et école 2, nous étendrons notre action aux autres écoles.
  • Ecole 2 Diamalaye
    Monsieur Sow, sur qui tout repose, en a marre et il a demandé sa mutation pour une autre école. Il a eu 100 % de réussite aux examens plaçant ainsi Yoff 2 en tête du classement régional.
  • Ecole 3
    Une enseignante vient d’être détachée par l’E.N. pour s’occuper de la bibliothèque. C’est la femme de l’inspecteur d’académie.
  • Ecole franco arabe de Yoff
    Nous visitons l’école franco arabe qui accueille 1100 enfants. Des travaux importants viennent d’être réalisés. En haut sur la rue il y a une grande salle toute neuve qui est destinée a accueillir une bibliothèque qu’Alioune nous réclame. Nous lui demandons de préciser quels livres il veut.
    A la fin de notre séjour, Alioune est découragé, alors qu’il a travaillé dans son école tout juillet, on ne veut pas le payer.

FORMATION

STAGES DLL

Au total, en 2005 c’est 9 bibliothécaires qui auront suivi les stages organisés par la DLL :
A Dakar en avril : Barrgny, Thiaroye, Meckhé
A Saint Louis en juin : N’dande (M’baye Fall), Dagana (El Hadj Omar Dieng), Thilmakha (Pape Matar Fall)
A Kaolack en juillet : Dioffior CEM (Alioune Cissé),Dioffior Foyer (Cheikh Thiam), Loul Sessene (Mamadou)
Chaque stagiaire a reçu
-  Un per diem de 5000 F par jour de stage
-  Un carton d’environ 76 livres. Selon Ghislaine elles n’ont pas eu le temps d’en préparer davantage et les 17 dotations de 150 livres promises ne sont pas réalisées.
-  Un nouveau registre

Tous les bibliothécaires sont enchantés de ce stage, surtout M’baye Fall. La question des fiches et des fichiers les a inquiété mais nous avons pu immédiatement rectifier et préciser que dans les bibliothèques du réseau LEA nous recommandons l’utilisation de registres.

Compte rendu du stage fait par Pape Matar Fall, en séance devant tous les jeunes réunis à la bibliothèque de Thilmakha

  • 1- Les démarches a entreprendre pour avoir une bibliothèque
    -  Mettre sur pied un comité de pilotage
    -  Contacter les élus locaux
    -  Chercher des partenaires
    -  Demander des meubles aux élus locaux
    -  Enquêter auprès de la population pour connaître ses besoins
  • 2- Les collections
    -  Étude des besoins : qu’est-ce que la population veut comme livres.
    -  Faire une liste des livres à commander
    -  Faire la commande
    -  Réceptionner les livres
    -  Indexer les livrer selon la cotation Dewey
    -  Faire les fiches : fiches livres, fiches lecteurs.
  • 3- L’animation de la bibliothèque
    -  Animation jeunesse : lecture de contes
    -  Lecture publique pour les enfants
    -  Faire comme à la BLD, le mercredi du conte
    -  Animer autour d’un livre
    -  Atelier d’écriture
    -  Journée de collecte de la tradition orale
    -  Conservation de la tradition

ENQUETE SUR LA LECTURE

Nous n’avons pu réaliser notre enquête sur la lecture comme nous l’avions prévu. La période était mal choisie : en pleine période d’examen, d’abord le bac puis le BEFEM (brevet) . Tout juillet est pris par les examens avec mobilisation des élèves, de tous les professeurs et des locaux. Donc il y avait très peu de monde dans les bibliothèques lorsque nous y passions. En fait la bonne période pour cette enquête serait novembre/décembre ou janvier/février, en pleine période scolaire parce que la lecture est toujours très liée à la scolarité.
Malgré tout, nous avons interviewé les personnes que nous avons rencontrées dans les bibliothèques mais nous n’avons pas tiré de conclusions définitives mais leurs réponses nous donnent déjà un petit aperçu.

Témoignages sur la lecture au Cercle Maurice Gueye de Rufisque

A Rufisque beaucoup de livres ne peuvent pas sortir : les usuels mais aussi un grand nombre de documentaires parmi lesquels les livres d’informatique, les annales, les beaux livres, les livres au programme et beaucoup de documentaires estampillés « consultation sur place ».
Habituellement la salle de lecture est pleine et certains doivent descendre dans la salle de conférence. Aujourd’hui il n’y a que 20 personnes.
Il y a 1221 abonnés, environ 100 emprunts par jour et 450 par semaine. Il y a 9000 livres recensés.
l’accès au cyber ½ heure gratuit le matin, l’après-midi 200 F les 2 heures.
Ouvertures tous les jours sauf samedi et dimanche de 9H à 12H et de 15.30H à 18.30H
Duré des prêts 2 semaines.

  • Yambou Gueye est stagiaire à la bibliothèque dans le cadre d’études informatiques. Elle n’est pas lectrice, n’est pas adhérente à la bibliothèque. Elle a consulté des livres liés à sa formation, elle a les livres pour ses études à la maison qui appartiennent à la famille. Son père achète des journaux.
    Le travail de bibliothèque lui plaît : orienter les élèves, les guider dans le classement, les renseigner
    On peut se repérer aisément dans la bibliothèque parce que tout est indiqué : BD, adultes /enfants, etc.
    Les lecteurs demandent surtout les romans du programme. Les 12/15 ans lisent des BD.
    Les albums pour enfants sont conseillés aux élèves des classes primaires par les bibliothécaires.
  • Fatou Diallo en stage de 6 mois pour devenir bibliothécaire à Keur N’diaye Lo, aime lire, les romans africains et étrangers. Depuis qu’elle est en stage (avril), elle emprunte des livres. Les enfants aiment les BD, les romans jeunesse, les 7/ 12 ans aiment les albums, qu’ils choisissent eux-mêmes.
    A Keur N’diaye Lo il n’y a une école primaire de 12 classes. Les collégiens et lycéens vont à Rufisque.
    L’association « Terres d’échange » a installé une bibliothèque, elle a construit le bâtiment avec l’aide de la SOCOCIM et apporté les livres. Une française est restée 6 mois, elle est partie en mai, elle a installé la bibliothèque, elle a tout préparé et ouverts des carnets. Elle habite Paris et s’appelle Annabella Miez. Elle a formé 3 personnes et reviendra en octobre pour l’ouverture de la bibliothèque, elle restera quelques mois, elle a fait des études de bibliothécaire. Pendant ce temps les 3 bibliothécaires pressenties pour devenir bibliothécaires de Keur N’diaye Lo sont en stage de 6 mois : l’une au Cercle Maurice Gueye, l’autre au Centre Culturel Français (elle habite Bargny), l’autre fait un stage en France.
    Les bibliothécaires seront rémunérées sur le revenu des 3 baby-foots que l’association a mis dans la rue.M ocktar Diaw, Etudiant à l’ENAM pour devenir douanier, il vient lire la presse, il ne lit rien en dehors des livres liés à ses études et ils sont tous à la FAC. Il a fait ses études à Perpignan et est rentré au Sénégal en août dernier. Il a fait lettres et philosophie mais n’a jamais rien lu.
  • Oumar M’baye, élève de 4ième, vient souvent à la bibliothèque pour lire. Il emprunte des romans, des BD, des romans africains. Ce qu’il a préféré « Mariama Ba : une si longue lettre » il emprunte environ 2 livres par mois et lit surtout le week-end.
  • Khady, collégienne, vient le mercredi et le samedi, elle habite à 20 mn à pied et reste 3 heures à la bibliothèque. Elle lit des romans, des BD et fréquente le cyber. Elle irait bien au fond pour consulter les documentaires la bibliothécaire, l’interdit au motif que les livres du fond sont réservés aux grands élèves. Avant de fréquenter la bibliothèque elle lisait les journaux.
  • Ababacar Gueye, élève de 1er au lycée Abdoulaye Sadji, fréquente la bibliothèque le mercredi soir et le samedi. Il lit sur place et emprunte environ 2 livres par mois. Il emprunte les œuvres au programme, sur place il lit des documentaires, des annales, des contes, des poèmes, du théâtre. Avec les annales il fait des exercices. Avant Abdoulaye Sadji, il lisait rarement, il lisait ce qu’il y a à la maison des livres achetés par les tantes, la maman. Selon lui il manque des romans africains.
  • Mustapha Sow en terminales au lycée Abdoulaye Sadji, vient de réussir le BAC. Il s’est abonné un mois en nov/dec pour préparer des exposés sur la littérature française et il a trouvé ici ce qu’il cherchait puis n’est plus revenu. Selon lui les élèves viennent ici pour faire leurs devoirs, pour le cadre, même sans consulter. Aujourd’hui il est venu pour se distraire il a vu une histoire à la télé et il vient lire le livre, c’est un manga. Il lit les mangas : il y a des séries qu’il lit à la suite. Il achète des livres dans la rue, des romans policiers, c’est 1600 FCFA et ensuite 100 FCFA à chaque échange.
  • Madame Lam bibliothécaire : les lecteurs sont en général des élèves de CE2 à terminales. Les élèves d’Abdoulaye Sadji sont les plus nombreux peut être 60 %. Il y a aussi les élèves des 4 CEM, du lycée moderne, de Thiaroye, Bambilor, M’bao. Maintenant les lecteurs connaissent et se débrouillent seuls, ils ne demandent pas tellement de renseignements. Le plus grand succès : les œuvres en littérature africaine.
    Les adultes préfèrent les romans étrangers. Parmi les adultes il y a des enseignants mais aussi des journalistes, des comptables. Les enseignants demandent des titres précis.
    Les plus jeunes demandent de préférence les albums. Les albums ne peuvent pas sortir, sauf exception. Les romans jeunesses sortent bien. Les grands élèves empruntent des BD, ils raffolent des mangas. Ils aiment beaucoup Tintin et Astérix.
    Madame Lam lit beaucoup, à la maison et aussi un peu au travail ; Daniel Steel, les livres de santé, les romans africains ce qui lui permet d’approfondir sa connaissance des ethnies parce que ces livres sont souvent autobiographiques. Bibliothécaire depuis 1992 au Cercle Maurice Gueye du temps de Mr Crémieux qui a vendu la SOCOCIM à VICA. Elle a été formée au CCF. Ce qui lui plait le plus c’est le contact avec les enfants. Ici les bacheliers quand ils ont les moyens vont faire leurs études en France.
  • Matar DIA, étudiant à l’école nationale d’administration, ne lit pas ou seulement de journaux, la presse. Il lisait les livres du programme quand il était élève. Il s’intéresse aux livres spécialisés dans sa branche (douanes). Il est enfermé dans le droit. Il consulte les livres dans la bibliothèque de son école.
  • Djiby Traoré, élève de terminale, inscrit depuis 2 ans. Habitué à lire, il consulte les annales de maths sur place, les romans, quand il peut les emprunter, sont ceux du programme. Il consulte aussi sur internet dont l’accès est gratuit le matin. S’il lit hors programme, il choisit des documentaires sur la végétation mondiale, des atlas, de la philo, des dictionnaires et les journaux à consulter sur place. Il n’emprunte pas des romans pour lire à l’extérieur. La durée du prêt de 2 semaines n’est pas suffisante mais on peut prolonger sauf si le livre est réservé. Son frère est abonné : il emprunte de BD, des fictions
    Ils possèdent des livres à la maison. C’est leur père, enseignant, qui les apporte. Dans cette bibliothèque il trouve tout ce qu’il cherche, il y a pratiquement de tout. Il faudrait seulement augmenter la capacité en annales. La bibliothèque ça fait du bien, c’est calme, on peut travailler (à la maison il y a la TV).
    Le meilleur roman emprunté : Bernard Ndiaye « Paroles sur la vie » qui traite de la société, du mariage, de la drogue et ça permet de se former quand on est jeune. Ça traite des questions de philo du programme et il y a des proverbes qui font du bien. C’est un ami qui le lui a conseillé et il l’a lu 3 fois. Il l’a aussi fait lire à des amis qui viennent à la bibliothèque : on vient avec celui qui veut le lire pour qu’il l’emprunte tout de suite. Quand il réussit des devoirs à l’école (exposés, recherches thématiques) les autres élèves lui demandent comment il a fait. Il répond qu’il travaille à la bibliothèque et d’autres viennent aussi pour réussir. « J’ai acheté J.P. Sartre dans une librairie » parce qu’il est au programme et qu’il n’est pas à la bibliothèque. Il se repère aisément dans le classement. Projet : études administration économie, concours du CESAG, administration sociale des hôpitaux.
  • Mamadou, lycéen de 15/16 ans au lycée Abdoulaye Sadji, emprunte 2 à 4 livres par semaine, en philo, maths, et pour ses loisirs. Il lit des livres de guerre et d’aventure ex. le prince Gorn histoire de fantôme en livre jeunesse. Les horaires lui conviennent. Sa famille lui dit que c’est bon de lire et il lit tout ce que ses profs lui conseillent. Il a de bons résultats scolaires. Ses lectures l’aident dans son travail scolaire en maths, anglais, espagnol, français, histoire, géo. Pour compléter, il consulte internet. Il prend des notes ou utilise des disquettes. Ce sont des amis qui lui ont fait connaître la bibliothèque. Les profs aussi la conseillent et ils y viennent pour y travailler. Ce qu’il préfère dans cette bibliothèque c’est l’atlas de géo et le livre sur la construction d’un site Internet qu’il étudie pas à pas parce qu’il est en train de monter un site, avec des jeux et trois galeries, sur l’ordinateur d’un ami. La bibliothèque ça sert à se documenter, on peut y travailler tranquillement et ça sert aussi à mieux connaître ce qui se passe dans la vie. Il a aimé lire des livres du programme : Phèdre, l’histoire de l’Egypte. Il peut lire un roman sur 2 semaines : Birago Diop « l’os de Mor Lam » c’est une fable ou on apprend les chansons de nos ancêtres. Elle fait partis des romans du programme. Son père, directeur d’école, lit des livres de maths. Il n’aimerait pas être bibliothécaire parce qu’on doit connaître tous les livres. De plus, il faut les contrôler (vol, dégradation) Il aimerait être météorologue ou informaticien.

Témoignages sur la lecture à N’dande

Les lecteurs arrivent par petits groupes et rendent leur livre à l’entrée avant d’aller consulter du côté des ouvrages jeunesse. Quand ils ont choisi ( il est difficile de leur faire expliciter leur choix), ils font enregistrer puis s’installent aux tables de lecture. Ils feuillètent les revues à plusieurs en commentant les illustrations ou commencent la lecture d’un roman.

  • Fatou, emprunte un livre par semaine. C’est monsieur Fall, le bibliothécaire, qui lui dit ce qu’elle doit lire. Elle ne connaît pas le classement dans la bibliothèque. Toute sa famille lit (quatre sœurs) et ils possèdent un dictionnaire à la maison. Elle choisit des livres qu’elle est la seule à lire dans sa famille ex « L’enfant, le soleil et la mer ». Elle peut lire à la maison, le matin, ou le soir et ferme son livre quand sa maman demande un service.
  • Omar, prolonge l’emprunt de L’île au trésor de Stevenson et M’baye Fall lui conseille la lecture d’un numéro de la revue Youpi qu’il s’empresse de feuilleter.
  • Salimata choisit un livre, le lit et voit si ça lui plaît. C’est après l’avoir lu qu’elle peut dire si ça lui a plu. Il se peut aussi que quelqu’un, qui l’a déjà lu, lui en dise du bien, alors elle le prend. Souvent ils font des commentaires, entre eux, sur les livres qu’ils ont lus. En consultant les livres sur les étagères elle regarde et lit la première page pour savoir si elle le choisira. Elle choisit le plus souvent dans ce qui a un rapport avec l’école et ce que les profs conseillent. On peut choisir autre chose comme des livres de divertissement. Elle aime les deux. A la maison, son père et ses frères regardent les livres qu’elle emprunte pour savoir ce qu’elle lit.

Commentaire de M’baye Fall

Il pense qu’il faut guider les lecteurs qu’il faut savoir les orienter. Tous les livres sont bons à lire, il n’y a pas de livre inintéressant. Il faut savoir aussi quelle lecture fera plaisir à la famille : un livre bien présenté, avec des illustrations, plaît à la famille.

Témoignges sur la lecture à Sebikotane

5 jeunes sont présents à la bibliothèque : Pape Aldiema CM2, Ismaila Ba CM1, Mamadou N’diaye CM1, Moussa Assane N’diaye CM1, Ousseynou Diaw CM2
Ils viennent tous les samedis matin et empruntent 1 livre. Ils lisent à la maison et dans la classe à la récréation, c’est le directeur de l’école qui leur a conseillé de s’inscrire à la bibliothèque, ils empruntent des manuels et des albums.

Moustapha Gaye, instituteur à l’école privée voisine, emprunte la littérature française, africaine, des auteurs modernes, contemporains, encyclopédies et livres sur la politique. Il emprunte 2 livres par semaine. Il choisit au hasard parce que les livres ne sont pas classés.
Il a amené des collègues qui se sont abonnés. Ses élèves viennent le samedi matin.

DEMARCHES

Projet FSP lecture publique avec la Direction du Livre et de la Lecture

  • Réception officielle des livres
    ADIFLOR avait demandé une réception officielle pour les livres, en présence du sénateur Duvernois –président d’ADIFLOR. La date retenue était le 13 juillet. LEA est invité à présenter ses kits thématiques.
    Nous préparons la salle : galerie située dans l’espace du nouveau centre culturel et linguistique (ancienne alliance franco sénégalaise) avec 3 kits (Egypte, préhistoire, contes africains). La DLL a préparé une table avec divers livres reçus de ADIFLOR. Le SCAC de l’ambassade de France a préparé diverses tables présentant les lots de livres qu’elle offre à plusieurs lycées dont les responsables ont été invités à venir chercher leur lot de livres.
    Très peu de monde, mis à part des membres de l’ambassade, les représentants des lycées invités et quelques journalistes. Nous avions invité Baba N’diaye de Pikine et Alioune Gueye de Yoff.
    Discours du sénateur (discours politique sur la francophonie). Il s’emmeèle les pinceaux et donne des informations inexctes, puis la parole est donnée à la présidente de LEA. Lamine Thiam de Dioffior me dira qu’il a entendu la retransmission à la radio nationale.
    Évidemment comme prévu, ADIFLOR est apparu comme l’association qui a donné les livres, thème que l’on retrouve dans « le quotidien » et les autres journaux. Le conseiller culturel Amat vient nous saluer, Gérard Montant est parti à la retraite, il le remplace. En revanche Sait Sarr Samb, directeur du livre et de la lecture arrive en retard et nous ignore superbement. Le sénateur viendra nous remercier pour notre discours élogieux envers ADIFLOR. Daouda N’diaye nous dira qu’il y a eu des articles dans tous les journaux du Sénégal, que nous n’avons pas acheté malheureusement.
  • Remboursement de l’avance pour acquisition du mobilier de Mlomp et Kagnobon.
    Monsieur Diatta du projet Mlomp Kagnobon, a fait parvenir les factures, l’une est à refaire, le cousin s’en occupe et l’apporte directement à la DLL. Ghislaine préfère nous faire signer une convention pour parer à toute demande de l’ambassade. La facture et le devis sont refaits également sur le poste de travail de la DLL. Le tout est signé par Eliane, présidente de LEA. Nous travaillons une matinée dans le bureau de la DLL pour finaliser les dossiers devis et facturation.
  • Prochaines collaborations
    Ghislaine part en congés de maternité le 15 août, elle est en fin de contrat mais elle aura un nouveau contrat de 6 mois à dater du 1 er janvier 2006. Pendant son absence Coumba reste mais il n’y aura pas de nouveaux engagements de dépenses. Nous demandons 2 nouvelles étagères pour Thilmakha, puisqu’elle en a en supplément qui n’ont pas été livrées à leur destinataire d’origine.
    Pour notre prochaine expédition, pas de problèmes, mais Ghislaine nous demande d’attendre le premier trimestre 2006. Elle n’a toujours pas payé Transène parce que les factures ne sont pas conformes. Pour la prochaine fois elle proposera un autre transitaire. Concernant la commande de livres pour les kits thématiques, c’est remis à 2006.
  • Bilan du projet FSP
    Le projet Lecture Publique a contribué à équiper de mobilier 11 nouvelles bibliothèques parmi lesquelles : 5 du réseau Lire en Afrique : N’dande, Meckhé, Loul Sessene, Mlomp, Kagnobon.
    La DLL va recevoir 10 000 livres de Culture et Développement, ils vont les accueillir à Pikine, pour traiter les livres avant distribution. Ghislaine aimerait bien faire signer une convention à Baba N’diaye, directeur du complexe de Pikine, et nous demande ce que nous avons fait là bas.

DÉMARCHES

Le Grand Diaraf de Yoff

Le hasard fait bien les choses (ou le bon dieu ou les génies de Yoff, selon les croyances de chacun).
Nous devions partir dès le samedi matin de notre arrivée pour Thilmakha et N’dande mais nous sommes obligées de décaler pour des questions de transport.
Le samedi matin, nous allons faire un tour sur la plage de Yoff en vue d’aller saluer différents yoffois que nous connaissons. Des tribunes importantes sont en cours d’installation sur la plage à l’endroit où elle la plus profonde entre école 2 et école 3.On prépare la fête d’installation du nouveau Grand Diaraf : Babacar M’bengue, les festivités commencent à 17H. Nous nous y rendons et assistons à une cérémonie grandiose avec tout le décorum et l’emphase des lébous. Il y a un monde fou, avec présence d’un ministre et de délégations des différents villages lébous, les troupes de danseuses et de musiciens.
Babacar nous reconnaît dans la foule et nous manifeste publiquement sa sympathie.
Nous sommes reconnues dans la rue comme étant « les amies du Grand Diaraf » et invitées à aller lui rendre visite. Il est visiblement très heureux de nous voir et décide qu’il doit faire « quelque chose pour nous ». Il nous demande ce que nous attendons de cette république et devons lui dire « pas grand-chose malheureusement », il veut nous organiser des rendez-vous avec les ministres, avec Pape Diop, Mamadou Diop. Finalement, nous lui proposons une entrevue officielle au cours de laquelle nous l’interpellerons sur les problèmes rencontrés à Yoff, à charge pour lui d’intervenir à sa convenance.
Le grand diaraf, Babacar convoque M’baye Thiaw, qu’il charge de trouver des solutions aux différents problèmes. Nous exposons la situation :

  • BOSY : Alassane Faye s’est approprié la bibliothèque, a renvoyé les bibliothécaires bénévoles depuis 10 ans pour les remplacer par des membres de sa famille et ses élèves sur qui il a tout pouvoir. Il terrorise son entourage au point que personne n’ose demander les étagères que nous avons payées et qui ne sont plus utilisées. M’baye Thiaw dit savoir tout cela et bien plus encore puisqu’il a suivi en direct tous les tracas avec Mamadou Samba. Il précise qu’avec le nouveau Grand Diaraf un renouveau yoffois est attendu de tous et qu’on devrait arriver à améliorer la situation.
  • Ecole 2 : nous relatons nos relations avec monsieur Diagne et notre position : d’abord on fait fonctionner la bibliothèque école 2, ensuite on généralise aux autres bibliothèques. M’baye Thiaw explique qu’il n’y a rien à attendre de cette municipalité. Alioune nous apprend que 80 % du budget municipal passe en frais d’essence des 8 véhicules achetés par la mairie et en abonnements illimités pour les téléphones portables dont sont dotés un certain nombre de fonctionnaires municipaux. Les commerçants ne veulent pas payer les taxes du marché parce qu’il n’y a pas d’eau ni de toilettes dans le nouveau marché.
  • Centre socio culturel : nous les mettons au courant des 4700 livres arrivés en février 2004 et toujours dans les cartons, ainsi que l’imbroglio autour des étagères libres de la BOSY.
    Il nous apprennent que Badiane le directeur du centre s’intègre dans le tissu lébou et qu’il est d’accord pour lébouiser la gestion du centre socio culturel.
    En conclusion de la séance, Le Grand Diaraf, étant le chef mystique de Yoff, rappelle que nous sommes venues à Yoff, que nous n’y avons fait que du bien mais que nous sommes parties habiter Ouakam ce qui n’est pas un bon présage pour l’avenir de Yoff. Babacar entend que soit apportée une solution pour que nous revenions vivre à Yoff.

Projet « qualité du français en français de l’éducation nationale sénégalaise

A sa demande, nous rencontrons Laurence Acquaviva, responsable du projet pour l’enseignement moyen (CEM+lycée)

Le projet va débuter en octobre 2005 « qualité des enseignements en français ». Ce projet va s’étaler sur 3 ans. C’est un projet du ministère des affaires étrangères français de 5 millions d’euros divisés en 2 sous projets :
1 - le pilotage (formation des enseignants)
2 - la qualité des enseignements en français (2,5 millions). Il y a 4 coopérants français sur ce sous projet
Sophie pour l’élémentaire, Laurence pour l’enseignement moyen, + 1 personne pour les sciences et 1 personne pour le français langue étrangère par l’enseignement à distance (informatique) pour le primaire et le secondaire.
Laurence Acquaviva est en poste depuis 3 ans et part à la retraite l’an prochain.

Il y a dans ce projet, un volet entier sur les bibliothèques scolaires avec un budget propre. Les bibliothèques peuvent être installées dans les écoles ou dans les communautés rurales.

Ils ont dressé l’état des lieux : certains établissements scolaires dotés de bibliothèque :
Le lycée Limamou Laye (entre Pikine et Guediawaye) est le + grand lycée du Sénégal avec 6000 élèves et une bibliothèque magnifique (cotisation annuelle de 1500 FCFA). Ils ont viré le bibliothécaire.
Le lycée Lamine Gueye de Dakar reçoit des livres qui arrivent en masse envoyés par les anciens élèves + de 1000 livres par an, mais ni il n’y a jamais personne à la bibliothèque.

Il y a eu des dotations sur 4 régions : Fatick, M’bour, Ziguinchor, Kolda et une grosse dotation a Kolda de Culture et Développement mais C&D en a eu marre et s’est retiré (on a lu le compte rendu de cette action qui visait les écoles primaires).

Une française a mené une enquête sur les bibliothèques dans les lycées et collèges. Les conclusions sont sévères : ça ne marche nulle part.

Ce que veut ce nouveau projet :
-  Identifier l’existant
-  Doter et compléter les établissements qui font déjà quelque chose
-  Identifier ceux qui ne font rien.

Pour le secondaire et le moyen, elle voudrait faire une formation des enseignants sur l’utilisation d’une bibliothèque. L’EBAD, a le projet de monter une formation sur l’utilisation des livres en classe.

Marietou Diongue Diop est responsable des affaires culturelles à l’université de Dakar, Maguette Diop est à la culture (selon Laurence, elle n’a pas laissé de preuves tangibles de son efficacité quand elle était responsable lecture à l’E.N.)

Planètes Ecoles fait des dotations en Casamance. Ce sont des retraités qui viennent à tour de rôle et font le suivi.
A Kédougou il n’y a rien et Laurence nous demande notre concours.
L’école ‘les rives du savoir’ a Guediawaye est une école privée de l’élémentaire qui a créé une bibliothèque de quartier avec l’école Freinet.

Informations sur le projet Banque Mondiale

Ce projet concerne tous les lycées et les collèges publics. Il prévoit de doter chaque élève de 5 manuels : français, maths, physique, sciences naturelles, histoire ou anglais.
Les projections ont été faites sur l’année 2002 mais il y a 50 000 élèves de plus et ils n’ont pas compté les enseignants. C’est Edicef qui a eu le marché.

La livraison s’est faite sans cohérence, sans contrôle au niveau de la distribution. Les enseignants se sont servis en premier, il manque des livres. La dotation Banque Mondiale s’est évaporée en partie, ils sont devenus des livres-trottoirs. Laurence a un collègue qui a 5 enfants dans l’enseignement moyen à Rufisque, aucun d‘entre eux n’a reçu un seul livre, le père est obligé de les acheter.

La Banque mondiale a mis 5 milliards dans la bibliothèque universitaire de Dakar.

Laurence souhaite que l’on travaille en collaboration et nous demande qu’on l’informe sur nos réalisations et nos projets :