Missions de Lire en Afrique en janvier février 2003

lundi 6 mars 2023
par  LEA

Objectifs de la mission

  • Terminer la mise en place de la bibliothèque de Dagana.
  • Rencontrer la Direction du livre et de la Lecture ainsi que l’Ambassade de France pour présenter nos 4 projets innovants dans le cadre du projet FSP (Fond de Solidarité Prioritaire) de relance de la lecture au Sénégal
  • Mettre la dernière main à l’organisation du stage lecture jeunesse prévu pour la première semaine d’avril 2003
  • Recruter un coordinateur local pour mettre au point le fonctionnement des bibliothèques avant le stage.

Rapport de mission au Sénégal
du mardi 28 janvier au mardi 4 février 2003
Marie Josèphe et Eliane

DEMARCHES

Rencontre à la direction du Livre et la Lecture (DLL)

Notre rendez-vous avec Marietou Diongue Diop, directrice à la D.L.L est annulé au dernier moment, nous rencontrons N’Deye Coumba Diop, ancienne élève de l’EBAD. Elle nous informe que le projet devrait être lancé vers Avril, le temps de tout mettre en place : ordinateur, internet, communication. Les fonds ont été débloqués le 27 Janvier. N’deye est vacataire, affectée au projet avec Sandrine la volontaire du progrès recrutée par l’Ambassade de France qui a la fonction de chef de projet. Sandrine a effectué une mission de 2 ans au Togo Bénin, sur le même thème.
A la lecture de notre dossier (projet Kits thématiques, projet mise à niveau des fonds, projet fonds spécialisés, projet coordination du réseau) elle a été frappée par 4 points, nous dit-elle :

  1. les bibliothèques LEA ne sont pas gérées par des professionnels, donc mal gérées !!!
  2. Elles ne sont pas ouvertes toute la journée, donc ce ne sont pas des bibliothèques ! ! !
  3. Les fonds sont à priori inadaptés aux besoins car venant de France ! Elle ne connaît pas nos bibliothèques mais doute de l’adaptation des fonds aux besoins ! ! !
  4. On prend trop de temps pour réfléchir : 3 ans entre le premier contact et l’ouverture de la bibliothèque, c’est trop long pour étudier les dossiers ! ! !

On tente de lui explique (inutilement parce qu’elle a des solutions à priori que toute réalité concrète ne peut ébranler). Seul le projet de kit thématique a retenu son attention. Elle voit en nous un partenaire susceptible de lui procurer des dons, rien de plus.

Nous rencontrons Sandrine le lendemain matin. Jeune fille de 25/30 ans, elle nous fait sentir qu’elle est cheffe de projet, ce qu’elle n’était pas au Togo. Au cours de la conversation nous apprenons que la bibliothèque de Dagana fonctionne très mal : livres perdus, volés, bibliothèque ouverte sans personne dedans, elle tient cette information d’une collègue, volontaire du progrès : Véronique, en mission à Saint Louis pour le compte du Conseil Régional du Nord Pas de Calais. Nous l’avions rencontrée lors de notre dernier séjour à Dagana, consacré à la mise en route de la bibliothèque. Elle supervise à Dagana, le projet de ramassage des ordures avec des charrettes, financé par la région Nord Pas de Calais.

Concernant les projets que nous avons déposés, nous ne nous sentons pas tout à fait sur la même longueur d’onde. Elle nous demande de lui soumettre des projets alors qu’elle a devant elle les quatre projets que nous avons rédigés. Nous le lui signalons, ainsi que la remarque de sa collègue qui a été intéressée par le projet de kit thématique. Elle le reprendrait bien à son compte, au nom de la Direction du Livre et de la Lecture. Pour elle, nous définissons le contenu et elle généralise les kits à toutes les bibliothèques du réseau national !!!.
Nous continuons à expliquer nos projets et en particulier sur celui de « fonds dédiés » elle nous demande d’écrire un projet …En creusant un peu, en fait, elle attend une liste de titres.

Quant au projet de mise à niveau des fonds, elle nous demande une liste de livres et elle verra.
Pour les transports d’ouvrages, elle réaffirme que la direction du livre prend en charge le dédouanement et l’acheminement intérieur. Mais elle exige une liste de livres détaillée parce que dit-elle, elle ne veut pas financer la série des « Martines ». Nous refusons cette exigence en expliquant que :

  • Marietou Diongue Diop nous a exonérées de cette liste puisque nous ne collectons que dans des bibliothèques et effectuons le tri à la source en composant les collections par nature d’ouvrages.
  • Ce serait infaisable, notre stock actuel de 10 000 livres, exigerait 50 jours de saisie ;

Elle proposera des places aux bibliothécaires de Lire en Afrique dans les stages qu’elle va monter au niveau national, nous déclinons l’offre sur la base de l’expérience de Sébikotane.

Seul point positif de la rencontre, elle nous confie une copie de l’étude réalisée par l’ASBAD sur les bibliothèques au Sénégal, exemplaire unique que nous nous empressons d’aller photocopier sur le champ.

Ambassade de France

Nous rencontrons Gérard Montant, conseiller culturel. En Octobre il nous avait demandé de prendre le temps d’organiser avec lui une véritable séance de travail plutôt que passer en coup de vent !
Là, le ton de sympathie de la précédente rencontre a changé. Il va consacrer toute la séance à nous expliquer qu’il n’a pas de budget pour la lecture et ne peut rien faire.
Son budget culture 2003 est réorienté vers les écoles privées catholiques pour leur permettre de faire face à l’afflux des enfants français dont les parents, en poste à Abidjan, ont été rapatriés sur Dakar (personnels des ONG, des organisations internationales, cadres des sociétés privées, etc.).
Par ailleurs, l‘Ambassade de France octroie des bourses de troisième cycle pour plusieurs années et le cumul des bourses antérieures dépasse ses capacités de financement.
A part cela, il n’a rien à dire sur nos projets et nous renvoie sur Sandrine. La boucle est bouclée et nous gardons peu d’espoir de voir nos projets obtenir un financement quelconque.

Marie Ndao, Présidente de la commission culture au conseil régional

Nous la retrouvons à son cabinet dentaire. Nous lui faisons donc un bref compte rendu des discussions tenues dans le bureau de Brigitte Field à Paris en présence du chargé de mission de l’ADM (Agence de Développement Municipal) et des sollicitations pour une enquête sur l’existant dont nous pourrions être chargées.
Elle est débordée, son champ d’action à la région est trop vaste et elle ne bénéficie d’aucune aide. Elle doit tout faire, le secrétariat, instruire les dossiers, la représentation, etc. son budget pour la culture donc les bibliothèques est dérisoire. Avec son enveloppe elle ne parviendra même pas à financer l’enseigne lumineuse de la bibliothèque du centre culturel Derclé. En effet, le Président du Conseil Régional lui a fixé de commencer par son quartier comme objectif de relance de la lecture Derclé. Elle compte recruter deux jeunes pour tenir la bibliothèque. Marietou lui a proposé deux diplômés de l’EBAD, qu’elle a refusés. Etant responsable de la formation professionnelle elle recrutera deux jeunes en formation. A chacun ses pauvres !
Marietou Diongue Diop, lui avait proposé d’aller visiter, ensemble, quelques bibliothèques de la région de Dakar, mais Marie Ndao est toujours dans l’attente d’un rendez-vous depuis décembre 2002.

Marie N’dao adore les anecdotes et on a du mal à tenir une conversation suivie. Ce jour là, c’était d’un de ses patients qui a tellement de gri gri autour de l’abdomen qu’elle ne trouve même pas en endroit pour le piquer. Elle suppose qu’il passe deux heures le matin et le soir pour les nouer et les dénouer. La deuxième tête de turc est Samba Laoubé Diene qui alcoolo invétéré, est saoul dès 10H du matin. Il veut garder ses prérogatives de Secrétaire Général du Conseil Régional en empêchant les choses de se faire. Exemple une délégation italienne était reçue, Marie N’dao devait les recevoir au restaurant avec le Président, Samba Laoubé lui a coupé l’herbe sous les pieds en emmenant les italiens au resto de l’ambassade de France au scandale des italiens qui se demandaient ce qu’ils allaient faire dans cette galère (française).

FORMATION DES BIBLIOTHECAIRES

Préparation du stage "Animation jeunesse"

Recrutement d’Alioune Gueye pour une mission de coordination en préparation du stage
Dans le cadre de l’organisation du stage d’animation jeunesse, un des prérequis fixés par Marie Girod est de s’assurer que les bases de la gestion courante d’une bibliothèque soient déjà acquises et appliquées. Nos visites annuelles nous ont fait détecter que des progrès peuvent être réalisés quant au classement, à la signalétique, à la tenue des registres, etc.
Marie Girod ayant abandonné sa rémunération lorsqu’elle a constaté que les bibliothécaires et nous-mêmes étions bénévoles, elle a décidé de venir, elle aussi, bénévolement, sur ses congés. Nous pouvons donc réinvestir ce budget vers le recrutement à contrat à durée déterminée un de nos bibliothécaires pour deux missions :

  • Avant le stage : acquisition des prérequis en matière de gestion courante
  • Après le stage : organisation et suivi de la mise en œuvre des apprentissages.

Alioune Gueye bibliothécaire à la BOSY depuis l’âge de 12 ans, a pris en charge Yoff 2 depuis le début, il nous semble la personne de la situation. C’est également lui qui avait proposé que ce stage soit une formation de formateur. Nous lui proposons donc une mission de deux mois, à mi-temps, reconductible selon le bilan que nous tirerons de cette première mission. Il accepte notre proposition de rémunération et de dédommagement de frais de transport téléphone et internet sur la base des frais réels dans le cadre d’une enveloppe calculée par lui.

Aussitôt dit, aussitôt fait, il commence le 1er février par une visite des 3 bibliothèques que nous lui demandons de mettre à niveau dans un premier temps : Ouakam, Sébikotane et Bargny. Nous allons dans chacune de ces bibliothèques le dimanche 2 février pour présenter la mission d’Alioune qui repère tout de suite les points à améliorer. Il ira chaque mercredi à Ouakam et le week-end à Sébikotane et Bargny où il passera la nuit chez son oncle qui habite Bargny.
Lui et nous, sommes enchantés de cette solution.
Dans un premier temps, pour ne pas le mettre en porte à faux, nous ne parlerons pas de rémunération, nous le laissons libre d’en parler ou non. Peu de temps après, nous rencontrerons Mamadou N’doye, et lui raconterons ce projet de coordination du réseau par Alioune. Celui-ci nous alertera sur la situation d’Alioune, aîné d’une grande famille, il a peu d’argent et ne pourra faire face aux frais inhérents à cette fonction etc. Qu’il a besoin d’un revenu etc…. Message reçu !!!

Organisation de la logistique

Dans toutes les discussions avec le foyer de Ouakam, l’organisation du stage en avril a été mise en avant et le maire et le comité de gestion du foyer ont confirmé que le stage se tiendrait bien à Ouakam.

Nous réservons la chambre au Calao de N’gor. Le gérant n’est autre que le frère de Daouda Gueye. La chambre est à 27 000 FCFA, le petit déjeuner à 3500 FCFA et le dîner à 8500 FCFA.
Nous nous présentons, il a déjà entendu parler de nous, nous sommes les « françaises » de Daouda N’diaye, son cousin. Fréquentant des touristes quotidiennement, il s’étonne que nous habitions chez l’habitant étant donné, dit-il, les différences culturelles.

Il n’y a pas de restaurant à Ouakam, nous en parlons à notre logeuse et pour le repas de midi des stagiaires, elle nous propose de prendre quelqu’un qu’elle connaît qui préparera les repas dans sa cuisine. Mais il faut que l’on apporte vaisselle, torchons, toute la nourriture, etc.

Nous louerons une voiture pour la semaine et demanderons Cheikh N’diaye de conduire Marie Girod pour la navette hôtel de N’gor, Ouakam, elle servira également pour les courses, la livraison des repas et notre enquête que nous effectuerons pendant le stage.

SUIVI DES BIBLIOTHEQUES

Entrevue avec Omar Sarr à propos de Dagana

Nous rencontrons Omar Sarr à la SICAP et lui transmettons les infos qui nous été données sur le mauvais fonctionnement de la bibliothèque, il semble étonné. Selon ses informations, tout se passe bien puisqu’au dernier conseil municipal, les crédits de compléments d’équipement ont été votés, ils devaient permettre d’installer le reste du fonds, essentiellement des romans stockés sur une palette et sous une bâche depuis notre précédent séjour. Cependant, il se renseigne et nous rappelle quelques heures plus tard, il confirme : le premier adjoint a fermé la bibliothèque, l’équipe antérieure a été dispersée, quelques livres prêtés à leurs copains ont en effet disparus mais pas grand-chose. Il veut mettre en place un comité de gestion. Omar a demandé à son cousin, le mécanicien, de nous conduire à Dagana dans sa voiture.

Etant données les circonstances, ce sont des problèmes spécifiques à la mairie et nous n’aurons aucune valeur ajoutée, nous décidons de ne pas y aller. Le proviseur du lycée Mr Ba joint au tel n’est pas au courant, il n’a pas été inclus dans les discussions avec la mairie (alors qu’il était président des commissions spéciales), les élèves membres de la bibliothèque seraient partis à l’université à St Louis. Bref c’est la cata…

La Maire ferme la bibliothèque du foyer de OUAKAM

A peine arrivées, Daouda Gueye et Assane Moulay viennent nous porter une lettre nous avisant qu’il y a une semaine, alors qu’ils venaient à la bibliothèque pour tenir la permanence, ils se sont aperçus que le foyer avait changé les serrures et depuis ils ne réussissent pas à rencontrer les responsables.
On leur a demandé un bilan, qu’ils ont fournis, on leur a réclamé l’excédent de 15 000 FCFA sur leur budget annuel ; somme qu’ils ont donné au foyer , n’ayant pas la présence d’esprit de mentionner leur 200 000 FCFA de déficit sur le camp de vacances.

Nous essayons de discuter avec toutes nos connaissances à Ouakam pour faire rouvrir la bibliothèque. On sent le coup monté. Un nouveau comité de gestion du foyer composé de 11 membres a été désigné par le nouveau maire (qui font tous partie des inoccupés qui hantent la mairie à la recherche de subsides). On les sent agressifs, organisés. Sur une idée d’Eliane qui pense qu’il nous faut recourir à un tiers extérieur à cette affaire, nous nous mettons à la recherche de Pape Diagne (ex membre du foyer des jeunes aujourd’hui président du comité de santé). Nous finissons par mettre la main sur lui à l’hôpital, il obtient une entrevue avec le maire.
Entre temps nous avons effectué plusieurs tentatives :

  • Le gardien nous dit-il ne peut plus ouvrir les portes que sur ordre du comité de gestion.
  • La nouvelle responsable des équipements ne peut nous donner accès aux cartons Lire en Afrique stockés dans une pièce à part, depuis notre précédent séjour. Elle en a effectué l’inventaire et les a stockés dans une autre pièce. D’ailleurs rien n’indique sur les cartons qu’ils sont à Lire en Afrique dit-elle !!
  • Pape Alioune Wade, nommé secrétaire permanent du foyer, nous recommande d’aller voir le responsable de la culture du nouveau comité de gestion. Nous voilà, déambulant de nuit en compagnie de Daouda Gueye d’ALAL, dans un quartier excentré de Ouakam, conduites par Pape Alioune. Arrivées chez lui, nous apprenons qu’il n’est pas là, il ne répond pas au tél

Le rendez-vous avec le maire arrive : chez lui, dans une maison bondée de monde. Il nous invite à l’écart, dans sa chambre. La réunion commence avec Pape N’diaye, Omar N’diaye le président du comité de gestion, le maire et nous. Ils n’ont pas accepté la présence du représentant d’ALAL. On sent la conspiration, tout le monde s’est concerté pour essayer de nous égarer. Les discours commencent et ils chargent tous ALAL, même Pape Diagne, alors que la veille, et face aux faits énoncés par ALAL, il tenait un tout autre discours. ALAL se serait rebellé, disent-ils, aurait refusé de rendre des comptes et, entre autres contre-vérité, aurait refusé de remettre les 15 000 FCFA d’excédent de recettes. Dans un ensemble non concerté, nous nous précipitons toutes deux sur notre portemonnaie en disant : en fait toute cette histoire n’est une histoire d’argent, vos 15 000 FCAF les voilà….. Vexé, le maire tente de calmer le jeu, propose de rouvrir la bibliothèque et qu’on se réunisse au foyer entre ALAL, le comité de gestion et nous pour normaliser la situation.

Bref on a passé 4 jours à essayer de régler la question des clés. A la fin on a obtenu que la bibliothèque rouvre et que les jeunes de ALAL tiennent les permanences aux heures prévues.

Ce que l’on sent c’est une reprise en main, pour la maîtrise des ressources du foyer 100 000FCFA mensuel de redevance de l’antenne téléphonique, plus les fêtes, plus les pauvres petits sous des abonnements de la bibliothèque ! ! !
Ils ont nommé deux permanents au foyer, rémunérés, en plus du gardien.

Le dernier sketch a eu lieu juste avant de prendre notre avion. Après avoir enregistré nos bagages à l’aéroport, nous sommes revenues à Ouakam pour cette ultime réunion au foyer prévue par le maire, où il était question de mettre tout à plat dans le cadre de l’adoption d’une convention entre LEA, ALAL et le foyer. Le comité de gestion est présent avec Omar Seck en tête, ses hommes de paille (ou hommes de mains) dont un particulièrement agressif (nous apprendrons par la suite qu’ils le sortent généralement lors des réunions pour ses talents de polémiste alors qu’il n’est impliqué dans rien). Une discussion de 2 heures s’engage, ils ne veulent pas de convention, ils ne veulent pas de ALAL et veulent signer un contrat entre le foyer et nous, considérant ALAL comme n’étant pas du même niveau qu’eux. Nous avons refusé. Au cours de la séance leur plan s’est un peu dévoilé : Il s’agit pour eux de reprendre en main la bibliothèque après en avoir évincé ALAL, de désigner l’actuelle responsable du matériel comme bibliothécaire pour tenir la bibliothèque du lundi au vendredi, matin et après-midi.

Sans vergogne, deux d’entre eux viendront, après la réunion, nous rejoindre l’un dans l’idée de créer un partenariat avec nous sur des questions de développement, l’autre, la responsable du matériel pour demander à participer à notre stage d’animation. Nous avons refusé en précisant que ce stage s’adressait à des bibliothécaires expérimentés, mais rien ne l’empêchait de participer avec ALAL à la gestion de la bibliothèque en tant que bénévole.

Ensuite, avant de quitter Ouakam pour l’aéroport nous discuterons avec Daouda Gueye et Assane Moulay pour les encourager à tenir. Pour eux, c’est une bande d’incompétents qui n’ont jamais rien fait de positif dans leur vie, à part trainailler autour des sources d’argent des associations pour détourner à leur profit quelques petits sous.
Cependant, ils les estiment méchants, rusés, de mauvaises foi et prêts à toutes les fourberies.
Charmant …

Bibliothèque Aminata Sow Fall de l’école Yoff 2

Lors de notre séjour de mai, il avait été convenu de la relance de la bibliothèque « Aminata Sow Fall » de Yoff 2 avec le concours de 2 volontaires de la BOSY Alioune Gueye et Adama Dione, chargés de fomer une nouvelle équipe de jeunes. Monsieur Sow s’occupant exclusivement des élèves de sa classe. Pour preuve de notre bonne volonté, et en avance sur la dotation de remplacement prévue en cas de relance de l’activité (pour remplacer le 3000 livres perdus) nous leur avions réservé les quelques 700 livres neufs de l’expédition acheminée en mai 2002.

Lorsque nous arrivons, la porte est grande ouverte, le gardien de l’école dort dans le local sur un matelas au milieu de ses effets, l’autre côté, en vrac, les tuyaux d’arrosage. Selon Alioune, après avoir recensé les livres, les avoir classés, enregistrés etc. Adama et lui, tiennent chacun une permanence pendant les heures de classes. A la récréation, les élèves entrent, déposent le livre qu’ils rendent d’un côté et de l’autre le livre qu’ils ont choisi sur les rayons avec leur nom et leur classe inscrits sur un bout de papier. Adama ou Alioune passent ensuite l’après-midi à enregistrer les livres rendus et les livres empruntés qu’ils remettent ensuite pour distribution, classe par classe, aux enseignants. Ils ne discutent jamais avec les lecteurs et ne savent même pas s’ils lisent les livres qu’ils empruntent.

Ils ne voient pas d’issue, Yoff 2 insistant pour que les permanences se tiennent pendant les heures de classes, ils n’ont pas d’espoir de pouvoir former une nouvelle équipe de jeunes. D’autre part, monsieur Sow prépare un concours administratif et vraisemblablement il ne sera plus à Yoff 2 l’an prochain, aucun autre enseignant de l’école ne se déclare intéressé par l’activité bibliothèque.

Puisque la solution pour remettre Yoff 2 à flot est très éloignée de ce que nous avions convenu, à savoir former une nouvelle équipe sous la conduite de Alioune et Adama et ouvrir la bibliothèque en dehors des heures de classe et à tous les enfants y compris ceux des autres écoles, nous considérons que depuis 3 ans nous avons passé un temps considérable pour aucun résultat pérenne. Nous nous apprêtions, à remettre le stock de livres à niveau en envoyons 2000 livres jeunesse. Nous proposons donc de tout arrêter. Alioune et Adama sont eux-mêmes enseignants, ils ont des cours à préparer et de plus donnent des cours particuliers étant donné leur faible revenu (45 000 FCFA sans être déclarés, moins de la moitié du salaire des enseignants du public), ils sont très investis dans les actions sociales de leur ville : bibliothèque, association des étudiants, journal électronique Pencëm Yoff etc. ils n’ont pas à porter à bout de bras la bibliothèque de l’école Yoff 2, surtout dans ce mode de fonctionnement scolaire où ils servent de larbins aux enseignants du public.
Notre proposition de tout arrêter soulage Adama et Alioune qui, s’étant engagés, ne savaient plus comment s’en dépêtrer.

Nous donnerons les 2000 livres jeunesse à la BOSY qui ouvrira une section jeunesse dans la pièce actuellement occupée par les usuels. Petit à petit, Alassane se retire laissant la place aux nouveaux leaders Alioune, Adama et Mamadou.

Nous informons monsieur Diagne de notre décision. Il proteste énergiquement. Nous maintenons le cap. Les parents d’élèves n’ont qu’à prendre leurs responsabilités. Lire en Afrique n’enverra pas les livres prévus tant que Yoff 2 ne donnera pas des garanties d’une prise en charge du fonctionnement de la bibliothèque selon les accords passés. Nous abandonnons équipements et fonds de livres mais n’assumons plus le suivi. Yoff 2 est rayé des bibliothèques Lire en Afrique.

BARGNY

Dimanche matin, nous allons à Bargny et Sébikotane présenter Alioune et ses missions de remise à niveau du fonctionnement des bibliothèques, appelées à participer au stage animation jeunesse d’avril 2003. Alioune remarque immédiatement le manque de rigueur dans la gestion des prêts sur tableur excel, l’absence de livres jeunesse, etc.
Alors que nous étions là, le docteur Khalifa Cissé (médecin, proche des organisations de jeunesse) est présent. Nous avons longuement parlé de Mar Diouf et de son absence dans la gestion de la ville. Khalifa Cissé, membre du conseil municipal et opposant farouche à Mar Diouf nous a assuré qu’il se ferait le défenseur de la cause de la bibliothèque au conseil municipal. Nous lui avons donné quelques arguments d’actualité : le stage, l’aide à la gestion assurée par Alioune, nos relations avec le Conseil Régional Ile de France, le nombre de livres à Yoff, Ouakam et Sébikotane à comparer avec celui de Bargny.

Les membres de la bibliothèque nous remettent un tract qu’ils ont diffusé à 1000 exemplaires dans les établissements scolaires de Bargny pour rappeler l’existence de la bibliothèque en réponse à notre « réception » par Mar Diouf en octobre dernier.
Dès son premier compte rendu, Alioune, nous rapportait la visite de Mar Diouf à la bibliothèque et ses questions sur le type de classement adopté.

SEBIKOTANE

Babacar nous relate les dernières tentatives de la mairie pour reprendre en main la bibliothèque. Le maire ne comprend pas notre rôle et souhaite nous rencontrer.Il nous informe également de la nouvelle campagne de l’association de La Rochelle qui inonde Sébikotane avec des tonnes de livres. Babacar en a pris quelques manuels pour la bibliothèque, le reste a été distribué à la population. Nous nous promettons de prendre contact avec cette association pour leur expliquer les enjeux.

ENQUÊTE « L’EXISTANT EN MATIÈRE DE LECTURE PUBLIQUE DANS LA RÉGION DE DAKAR

Recherche d’informations

Si la Région Ile de France nous confie l’enquête sur l’existant en matière de lecture publique dans la région de Dakar, nous avons besoin de documentation. Nous avons pu obtenir le rapport de l’ASBAD. Les propositions nous semblent en totale contradiction avec les faits rapportés. D’autre part, tout étant moyenné, on ne peut tirer aucun enseignement de cette étude. Il nous faudrait le détail des réponses donc la base de dépouillement du questionnaire. Nous passons un certain temps à Dakar pour essayer d’obtenir ces infos : l’EBAD, l’ASBAD, l’Ambassade de France, la Direction du Livre, l’Alliance Française. Beaucoup de démarches pour rien. Au final, nous demandons cette étude à Marietou Diongue Diop par téléphone. Elle nous informe l’avoir elle-même réclamée mais sans succès à ce jour.

L’Ambassade de France pensant répondre à notre requête nous remet « tout ce qu’elle a en sa possession ». En fait, c’est le fichier qui correspond à la distribution des lots de livres de Malang Diemé suite à son enquête des 100 points de lecture fiables au Sénégal. Nous remontons le fil pour trouver Malang Dieme, il a quitté l’Alliance Française et est maintenant documentaliste au port. Il nous dit que son enquête est restée à l’Alliance Française dans le bureau du directeur il se propose d’aller la chercher le midi pour nous la communiquer mais il ne peut approcher le bureau du directeur. Nous apprendrons qu’il vient de s’installer à Yoff, juste à côté de la maison du frère à Maguette à N’doyen.

A l’Institut de la Statistique nous achetons l’enquête économique et sociale 25 000 FCFA.

Lorsque nous arrivons dans le centre de doc, 4 salariés sont assis dans la plus parfaite inoccupation. Il n’y a qu’un seul client à part nous, assis à une table, occupé à relever des infos. Nous demandons à acheter le document, on nous demande de revenir parce que les feuilles sont tirées mais la personne habilitée à les boudiner est absente. La perforatrice boudineuse étant installée sur une table, Eliane propose aussitôt de le faire nous-mêmes, au grand étonnement des salariés, l’un d’entre eux restera assis pieds et mains joints sans bouger à la table de reliure tout le temps de l’opération. Ils n’ont pas de reçu mais promettent de nous l’adresser par courrier ce dont MJVD doute beaucoup, les sous sont entrés dans le sac de la dame… mais nous repartons avec une facture.

Le lecteur du centre de doc nous propose de nous accompagner au CONGAD (centre de rassemblement des ONG) pour compléter notre doc de leurs études sur l’aménagement du territoire. Malheureusement nous ne trouverons rien qui puisse nous intéresser.

Finalement nous allons à l’IGN, ce centre est situé à l’intérieur du journal le Soleil. On nous apprend que l’IGN du temps de la colonie occupait tout le périmètre. Le Soleil occupe les anciens bureaux de l’IGN avant 62 et l’IGN actuelle est située au milieu d’une forêt de flamboyants dans le logement du directeur d’alors.

Nous faisons faire des cartes de la région avec le découpage administratif des communes d’arrondissements et le positionnement des établissements scolaires.Ces cartes nous sont vendues 100 000 FCFA pour un CD ROM dont on nous enverra une copie de meilleure qualité ultérieurement.
C’est sur cette carte que nous compléterons, commune par commune, de la population scolaire et des infrastructures comportant une bibliothèque en état de fonctionnement.

Nous rentrons donc en France avec la documenation qui nous permettra de réaliser la partie 1 de notre rapport.

AUTRES INFORMATIONS

Nos cartons de livres

En mai dernier, sur les 5 palettes (90 cartons) d’ADIFLOR, plus d’une dizaine de cartons n’avaient pas été distribués, en attente du prochain séminaire. Ils étaient restés au foyer de Ouakam dans le local du guichet donné par le gardien. Il a fallu discuter fermement pour récupérer nos cartons à 1 H de notre départ.

ACOFA

Les jeunes françaises du projet de Keur Massar viennent à Yoff pour visiter la BOSY avec les responsables françaises d’ACOFA et Maguette responsable du projet. Alassane est présent et c’est lui qui fait la présentation suivie d ‘une discussion. Tout le monde semble content de cette rencontre.

Projets "Bibliothèques dans les écoles

Nous nous faisons confirmer que le plan de relance de la lecture financé par l’Ambassade de France ne concerne que les bibliothèques publiques. A ce propos, Sandrine, la volontaire, nous informe qu’il y a deux gros projets pour le développement de la lecture en milieu scolaire :

  • Le projet de la banque mondiale, en cours, qui consiste à installer une bibliothèque par école (construction + équipement).
  • Un projet de l’ambassade de France en cours de rédaction.