Passionné de livres, devenu Contrôleur Principal du Trésor public après de brillantes études : Fadel KA

mercredi 30 janvier 2019
par  LEA
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Lors de l’inauguration de la bibliothèque du centre socio-collectif de Sébikotane, Mouhamadou Fadel Ka a témoigné de l’impact de la bibliothèque sur son cursus professionnel. Fin des années 1990, il était l’un des lecteurs assidus de l’ancienne bibliothèque de Sébikotane. Nous l’avons alors rencontré pour recueillir son témoignage.

Fadel KA

J’étais un lecteur de la bibliothèque de Sébikotane, dans les années 90 ...

J’ai appris l’existence de la bibliothèque de Sébikotane, fin des années 90, parce que Babacar Diouf, le bibliothécaire de l’époque, y donnait des cours de soutien en relation avec Issa Pouye, aujourd’hui secrétaire Municipale de Sébikotane.

On était un groupe d’une dizaine d’élèves à fréquenter cette bibliothèque. On allait à la bibliothèque, on travaillait là, ensemble, pour préparer le bac. On s’impliquait dans sa gestion.
Les membres de ce groupe ont tous fait l’université. Certains sont devenus enseignants, d’autres sont dans d’autres secteurs.
Je voulais devenir journaliste, inspiré par notre ainé, Malick Ciss qui est actuellement journaliste au Soleil comme chef de desk.

J’ai lu à la bibliothèque une phrase qui m’a marquée jusqu’à ce jour « Rien de grand ne se réalise sans passion ».

J’ai fait du droit à l’université puis l’ENA, puis je suis allé 4 ans à Diourbel. Aujourd’hui, je suis, Contrôleur Principal du Trésor public

A mon départ pour l’université, mes frères ont pris la relève, ils sont devenus gestionnaires de la bibliothèque. Tous mes frères ont fréquenté la bibliothèque, ils s’étaient également organisés en groupe.

J’ai une passion pour les livres

Moi, j’avais la passion des livres, j’aimais même leur odeur, l’odeur du papier. Je lisais les classiques de la littérature française, les œuvres au programme ; la littérature africaine, Hampaté Ba, les usuels…. Aujourd’hui Je me suis créé chez moi une bibliothèque avec Amadou Hampaté Ba et les auteurs africains

Chaque année, je vais en vacances en France, j’ai un frère à Drancy, des amis à Arpajon, à Reims, à Amiens. Je suis allé aussi à Bruxelles mais c’est Paris que j’aime, je m’y retrouve. Là, ce qui m’a le plus marqué c’est que, dans le métro, tout le monde a un livre en main et lit. Dés que j’arrive à Paris, je vais directement à la FNAC pour les livres.

C’est une passion qu’il faut partager

La nouvelle bibliothèque de Sébikotane vient d’ouvrir [1]. Je vais parrainer 50 élèves de l’école primaire sébi-Fass où j’ai fait mes études en payant leur inscription à cette nouvelle bibliothèque pour les inciter à la fréquenter. J’ai demandé à son directeur - Amadou Ciss - de sélectionner les 50 meilleurs de cette école pour les parrainer.

Amadou Ciss est un spécialiste du métier de bibliothécaire. Nous, nous étions des bénévoles, nous n’étions pas des professionnels quand nous assurions la gestion de la bibliothèque. Je vais le rencontrer.

Á mon sens, il faut mettre en place des stratégies pour responsabiliser les enseignants. Ce qui tue les bibliothèques, c’est le manque d’animation. Il ne suffit pas de prêter, il faut aussi avoir un programme d’activité pour attirer les lecteurs. Si on propose un programme au maire, on obtiendra, je l’espère, un budget pour le déploiement local.

Hélas le niveau de français baisse !

Dans les années 90, on lisait encore les œuvres au programme et les examens s’appuyaient sur la connaissance de ces livres. Il y avait une compétition, il fallait un bon niveau de français pour réussir.

Aujourd’hui on se contente d’extraits, on parle beaucoup le wolof dans les classes, ce qui fait baisser le niveau de français. Partout, on parle le wolof. Même les enseignants n’ont plus un bon niveau en français.

Fadel KA témoigne lors de l’inauguration de la nouvelle bibliothèque de Sébikotane en avril 2018
Centre socio collectif de Sébikotane 2017
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Bibliothèque du centre socio-collectif de Sébikotane, dotée par Lire en Afrique. 2017
L’ancienne bibliothèque de Sébikotane. Babacar Diouf, bibliothécaire, avec Eliane Lallement de Lire en Afrique en 2003
Sebikotane, ancien foyer des jeunes qui a abrité, de 1998 à 2008, l’ancienne bibliothèque Lire en Afrique de Sébikotane

[1l’ancienne bibliothèque, créée en 1998 avec l’appui de Lire en Afrique, a été détruite par le maire de Sebikotane en 2008. La nouvelle bibliothèque se situe au centre socio-collectif de Sébikotane, dotée également par Lire en Afrique en 2017


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