Ancien PCR devenu bibliothécaire - Youba Sambou de Thiobon

jeudi 27 décembre 2018
par  LEA
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Youba Sambou a tenu la bibliothèque de Thiobon, depuis sa création en 2010, jusqu’à ce qu’il nous quitte en 2014. Avant de prendre en charge cette bibliothèque, il avait été le PCR de sa localité. (Président de la Communauté Rurale). En 2010, Youba avait pris la parole, pour faire part de son expérience, à l’occasion des 20 ans de Lire en Afrique. Lamine Diatta, son collègue bibliothécaire à Mlomp, avait complété son témoignage.

Youba SAMBOU devant sa bibliothèque Lire en Afrique de Thiobon en 2012 Avec Eliane dans sa bibliothèque de Thiobon en 2012

Youba SAMBOU témoigne lors des 20 ans de Lire en AfriqueJe m’excuse un peu parce que je fais partie de ceux qui ont un faible niveau scolaire. Quand j’ai réussi mon entrée en 6°, nous, de Casamance, nous étions affectés à Saint Louis mais, à Saint Louis, nous n’avions pas de tutelle alors nous n’avons pas pu tenir. Sans tuteur, J’ai du abandonner les études et je suis revenu à la maison.

Mais je n’ai pas regretté parce que je sers ma population, raison pour laquelle je remercie madame Eliane et madame Marie Josèphe, qui, malgré l’insécurité qui règne en Casamance, s’y sont rendues, à Thiobon même, chez moi. Lors de leur premier passage, nous ne nous sommes pas rencontrés. C’est un des professeurs, Malick, un de nos fils qui sert au CEM de Mlomp qui m’a dit, "le village t’a choisi comme bibliothécaire pour Thiobon", je n’ai pas refusé parce que je suis là pour servir ma population.

Cet enseignant a fait la demande d’une bibliothèque pour notre village, à travers Monsieur Lamine Diatta, bibliothécaire de Mlomp. J’aimerais ici témoigner de cette rencontre. Nous sommes situés à deux km de Mlomp et nos enfants s’y rendent, lisent, ramènent des livres et c’est pour cette raison que Malick a songé à faire cette demande de bibliothèque.

Sans complication, Eliane y a répondu favorablement.
Je salue mon frère, Aziz Mané, gestionnaire de la bibliothèque de Sacré Cœur, à Dakar, qui m’a encouragé.
Si Thiobon parvient à avoir une bibliothèque, vous allez voir les résultats scolaires s’améliorer, nous avait-t-il dit.

Monsieur Diatta m’a invité chez lui, à Mlomp, pour visiter sa bibliothèque. C’était un mercredi, nous y sommes allés. Nous avons vu le travail qu’il était en train d’abattre. Dans la journée, 200 lecteurs au moins, sont venus à la bibliothèque du village de Mlomp. Lamine est quelqu’un de très brave, raison pour laquelle j’ai pris le micro pour témoigner.

La bibliothèque, on n’a que ça, c’est seulement à partir de la bibliothèque, que les enfants peuvent découvrir l’autre.

Réponse de Lamine Diatta, à Youba Sambou

Lamine Diatta témoigne lors des 20 ans de Lire en Afrique en 2010Je ne vais pas parler de ma bibliothèque, ni de ce que je fais. Car si j’ai fait un exploit extraordinaire, cela a été suscité par l’effort de Marie Josèphe et Éliane.

En effet, en voyant quelqu’un quitter la France pour venir jusqu’ici, pour aider les gens en leur procurant des livres, je me suis dit "alors moi, à qui elles donnent, je dois me sacrifier". C’est ce qui a fait que je me suis lancé. Chez moi, je suis le seul bibliothécaire. Ceux qui m’ont vu, ont dit la vérité : je suis au registre, je suis dans les livres, je reçois ici, je reçois là bas, j’inscris ici, j’inscris là bas, mais j’arrive à m’en sortir.

Pourquoi ai-je dit que ce sont elles qui m’ont encouragé dans ce travail ? À Mahamouda, là bas, dans notre secteur règne une insécurité totale. Nous avions demandé une bibliothèque pour ce village. Pour nous y rendre, la première fois, elles ont loué un taxi à partir de Ziguinchor. Arrivé à Diouloulou, le chauffeur terrorisé a refusé d’aller plus loin, Éliane est rentrée dans une colère extraordinaire disant "cherche moi un autre taxi". Nous avons trouvé un taxi, et nous sommes partis vers Mahamouda, à la frontière de la Gambie. Moi, j’avais peur. Elles, elles ne se sont même pas inquiétées. En route, Marie Josèphe m’a demandé de lui montrer cet arbre dont le bois est précieux, le bois de veine. Je le lui ai montré, et en pleine brousse, elle a fait arrêter la voiture, elle est sortie pour photographier. Là, moi aussi je suis sorti.

Donc je dis, c’est à cause d’elles, de ce qu’elles font, que j’ai été poussé à travailler et je continuerai.


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