Mission de Lire en Afrique en octobre 2003

lundi 6 mars 2023
par  LEA

Objectifs de la mission :
- Mettre en place la logistique pour l’arrivée du conteneur de 30 000 livres.
- Visiter tous les sites candidats pour la vérification des prérequis.
- Profiter de notre présence sur place pour faire le point avec les structures sénégalaises :
La Direction du Livre et de la Lecture, suite au dépôt de nos projets dans le cadre du plan triennal de lecture publique financé par la France
La commission culture de la Région de Dakar suite au rapport LEA à la Région Paris Ile de France

Compte Rendu mission au Sénégal
du jeudi 9 octobre au dimanche 19 octobre 2003
Marie Josephe et Eliane

Compte Rendu mission au Sénégal
du jeudi 9 octobre au dimanche 19 octobre 2003
Marie Josephe et Eliane

DEMARCHES LIEES AU TRANSPORT DES LIVRES

Obtention d’un transport de conteneur via ADIFLOR

Comme convenu, mi-septembre 2003, nous avons repris contact avec ADIFLOR. Lors de la réunion organisée, au printemps 2003, par Brigitte Field, les différents intervenants sur la lecture dans les 3 régions de son périmètre : Dakar, Kayes, Nouakchott ont été informés que la subvention octroyée à ADIFLOR par la région Paris Ile de France doit permettre d’organiser les transports vers Dakar.

Accord avec ADIFLOR

Le 23 septembre, Isabelle Le Camus nous confirme avoir reçu la subvention de la région Paris Ile de France. Nous pouvons organiser un conteneur pour Dakar, elle nous octroie 6 à 7 palettes soit le tiers du conteneur. Ce dernier doit partir impérativement avant fin 2003. ADIFLOR financera l’affrètement de ce conteneur de Paris à Dakar. Lire en Afrique ayant à sa charge le transport du port de Dakar au lieu de destination finale.
Notre lot sera composé des livres collectés par Lire en Afrique que nous devons rapatrier, à nos frais, dans les entrepôts d’ADIFLOR, exclusivement en semaine (on devra donc prendre des jours de congés).
Le chargement du conteneur pourra être complété par un certain nombre d’ouvrages à choisir dans le stock ADIFLOR (annales, petits classiques hachette, manuels).

Transfert des livres vers l’entrepôt ADIFLOR

Les 25 et 26 septembre, nous louons un camion, conduit par Marie Josèphe et organisons le transfert de tous nos livres stockés (21 000 livres soit plus de 400 cartons) dans un garage loué à Montreuil en direction de l’entrepôt de ADIFLOR à Vitry sur Seine et préparons les palettes pour l’expédition.
Nous organisons des palettes entières par destinataire (6 à 7 bibliothèques Lire en Afrique) pour faciliter le passage en douane et l’acheminement à destination sans éparpillement des cartons. Ce dispositif facilitera en outre le contrôle de la réception.
Nous profitons de la location du camion pour aller chercher les livres jeunesse à la bibliothèque départementale de Melun et les dons du service achat de Leclerc (rayons librairies), constitués d’invendus en parascolaire et d’ouvrages reçus en service de presse des maisons d’éditions pour l’année 2003.

En discutant avec le responsable des achats de livres chez Leclerc, qui semble bien au fait des problématiques de dons vers l’Afrique, en particulier. Il nous interroge sur nos modes de fonctionnement. et nous apprend que, dans la salle de formation, il stocke des dizaines de gros cartons pleins de livres récupérés au salon « Etonnants Voyageurs » de Saint Malo et destinés aux libraires du Mali que Culture et Développement doit venir récupérer depuis plus d’un an. Constatant que nous faisons tout nous-mêmes, il décide de nous attribuer les cartons stockés chez lui et dont il ne sait comment se défaire : soit quelques 6000 livres neufs.

Nous constatons que nous avons beaucoup plus de livres que ce dont nous avons besoin pour les projets en portefeuille. Nous décidons que la bibliothèque du cercle Maurice Gueye de Rufisque, appartenant à la SOCOCIM recevra l’intégralité du don de Leclerc. En effet, seule une grande ville comme Rufisque possède une population assez vaste et variée pour s’intéresser à la production des éditeurs français en 2003, et la nouvelle bibliothèque du cercle Maurice Gueye de Rufisque, était quasi vide lors de notre dernière visite, les magnifiques rayonnages construit par les menuisiers de la SOCOCIM restant inoccupés, sont en capacité d’absorber une telle quantité. Disposant de personnel rémunéré et dirigée par un professionnel appartenant au ministère de la culture, elle est, par ailleurs en mesure de procéder à la cotation des ouvrages neufs. Nous prendrons une série supplémentaire de livres jeunesse à Melun pour Rufisque.

Nous décidons de nous rendre au Sénégal pour organiser toute la logistique avant l’arrivée des livres et visiter tous les sites candidats sélectionnés pour les nouvelles bibliothèques : Dioffior, Loul Sessene, Niaga, Pire Goureye, M’backé, Pout et Rufisque afin de vérifier, selon notre charte, que les locaux et les équipements sont adéquats et les équipes de bibliothécaires bénévoles constituées et averties.

Transitaire TRANSENE au Sénégal

Chez le transitaire, à Dakar, la Société Transène, Diankou M’bengue, l’ami de Maguette N’doye, nous reçoit. Il nous reproche de n’être pas venues le voir depuis des années. Nous lui annonçons que cette fois il y a 6000 livres pour Rufisque, pour le Cercle Maurice Gueye. Il est très content pour Rufisque, mais lui, il veut une bibliothèque dans son quartier situé à l’entrée de Rufisque en venant de Dakar.

Il nous conduit vers les personnes du service en leur précisant que nous sommes des amies.

Nos interlocuteurs nous détaillent l’ensemble des charges et nous demandent des estimations de la valeur, du poids, …. Au total, y compris les frais de douanes et le transport à destination, l’estimation se monte à 900 000 FCFA. Heureusement que ce ne sont pas les bibliothèques destinataires qui auront cette somme à payer comme ce fût le cas les fois précédentes.

POINT SUR LES BIBLIOTHEQUES

RUFISQUE

Nous proposons au cercle Maurice Gueye de doter leur bibliothèque de 6000 livres. A l’annonce de cette nouvelle Amadou Tidjane Diallo n’en croit pas ses oreilles. Depuis l’ouverture de la nouvelle bibliothèque, en février 2003, ils ont reçu :
-  700 ouvrages commandés à NEA payés 1,8 million par la SOCOCIM
-  4000 livres de France, mais il s’agit de séries des mêmes titres en plus de 10 exemplaires chacun, si bien qu’il n’y a qu’à peine 1500 livres en rayon par série de 3 ou 4 soit à peine 500 titres,le reste a été mis en réserve.
-  160 livres de la DLL. Sandrine Laprie Fourreau (Projet Lecture publique) lors de sa visite avait promis pour 1,5 millions FCFA de livres et son appui et assistance pour la création d’un coin enfant, mais c’est 300 000 FCFA qu’ils ont reçu, suite nous dit-il, à l’intervention de Marietou Diongue Diop.

Ils ont installé un espace jeunesse au rez de chaussée.

C’est dire si notre proposition tombe bien. Amadou est très ému, il nous fait remarquer que c’est une dotation bien supérieure à celle de la direction de la SOCOCIM.

Nous discutons des formalités de sortie du port et des transports et échafaudons plusieurs scénarios. A tout prendre, plutôt que de voir les livres partir dans les entrepôts de la D.L.L., Amadou qui a longtemps travaillé au ministère de la culture et à la D.L.L. en particulier, préfère négocier avec la direction de la SOCOCIM la possibilité de prendre en charge lui-même toute la logistique d’arrivée du conteneur jusqu’à Rufisque, charge aux autres bibliothèques de venir y récupérer leurs livres. Cette solution nous convient parfaitement.

Nous sommes invitées à venir rencontrer la direction de la SOCOCIM et déjeuner le jeudi suivant.

POUT

Après Rufisque, nous passons au lycée de Pout. Gana Fall qui en 1996 nous avait sollicité pour la bibliothèque de Sébikotane, ville dont il était conseillé municipal, nous a sollicité cette année pour la création d’une bibliothèque à Pout où il vient de prendre le poste de censeur au lycée. Nous rencontrons le censeur Gana Fall, le proviseur Monsieur Ba (qui en 1999 nous avait sollicitées pour une bibliothèque à M’backé où il venait d’être nommé proviseur. A l’époque ce furent des discussions épiques, le marabout des mourides venant juste de faire fermer 60 écoles primaires dans cette zone).

Gana nous brosse la situation socio-économique de ses élèves, Le CEM compte 800 élèves et le lycée 200. Globalement, il y a plus de garçons que de filles. La moitié des élèves habitent en dehors de la commune dans des localités situées à des distances entre 2 et 10 Km qu’il faut parcourir à pied 2 ou 4 fois par jour. Les élèves doivent partir très tôt et rentrent très tard. Le midi tous les élèves ne rentrent pas chez eux, certains ne mangent pas.

Un bon tiers des parents (41 %) travaillent dans les deux usines de Pout qui comptent chacune environ 300 ouvriers : une usine de piles électriques, la SIGELEC et SISMA, une usine de matériel agricole.
Un tiers appartiennent au secteur tertiaire et un autre tiers sont agriculteurs.
La majorité des pères sont polygames (55%). On dénombre 9 à 10 enfants par père et 6 à 7 enfants par mère. Pout compte 25 000 habitants.
Le lycée souffre d’un déficit de salles de classes, il y a 24 classes pédagogiques mais 15 salles seulement, si bien, que les cours se terminent à 19H et parfois se poursuivent le samedi
Pour Gana, c’est cette situation géographique qui justifie le besoin de bibliothèque dans le lycée. Une salle de classe servira de salle de lecture que les élèves pourront fréquenter quand ils n’ont pas cours.

Nous présentons notre mode d’intervention, les modes de fonctionnement que nous préconisons. Nous détaillons le contenu du dossier que nous leur remettons :

  • La convention,
  • Le règlement intérieur,
  • Les photos et plans d’étagères
  • Les copies de bilan annuel à titre d’exemple
    La liste des 3800 livres prévus, par catégorie, par carton, répartis sur 2 palettes. Nous précisons que ce sont des livres de lecture loisirs et non des manuels et qu’ils doivent concerner la population de Pout au-delà des élèves du lycée.

Monsieur Ba nous fait visiter le local appelé Bibliothèque. Il s’agit en fait d’une réserve d’environ 15 m² dans laquelle sont stockés les matériels pédagogiques et manuels. C’est une confusion très fréquente entre nous tandis que nous parlons de livres ils comprennent manuels scolaires, la bibliothèque étant le local de stockage des manuels.

Quelques jours après, la D.L.L. nous apprendra qu’il y un CLAC (Centre de Lecture et d’Action Culturelle installé par l’ACCT) à Pout. Ce CLAC est d’ailleurs la tête de pont du réseau de 6 CLAC de la région de Thiès dont le coordinateur détaché par le ministère de la culture est Horace Da Costa.
Nous prenons rendez-vous avec Horace Da Costa (coordinateur des CLAC Thiésois, appointé par l’état), il doit être au CLAC de Pout mardi et nous y donne RV à 11H.

Les CLAC de Thiès existent depuis 15 ans. L’an dernier il y a eu une opération de relance avec agrandissement et rénovation des locaux, nouveaux équipements : téléviseurs à écran géant, ordinateur ainsi que de nouvelles dotations en livres. Les CLAC reçoivent 200 000 FCFA par an pour financer les animations.

Le CLAC de Pout vient d’être réhabilité. La bibliothèque dispose maintenant d’une salle plus vaste permettant d’aménager des espaces bien délimités : espace jeunesse, zone de lecture, zone de prêt. Des étagères en nombre couvrent les murs. Il y a deux personnes en permanence, bénévoles mais Horace essaie d’obtenir des subventions municipales et d’état pour les rémunérer. L’ancienne salle de bibliothèque beaucoup plus petite est transformée en salle de projection.

Le fonds permanent est de 3 166 livres. C’est le fonds d’origine, mais depuis il y a eu des livres perdus, détériorées, pilonnés et ils ne savent pas exactement combien il en reste. A cela s’ajoutent les 2500 livres du fonds tournant entre les 6 CLAC de Thiès.
Ils attendent 1000 livres neufs de l’ACCT. La DLL, dans le cadre du projet « lecture publique », leur a fait parvenir déjà 1000 livres auxquels vont s’ajouter les ouvrages d’une seconde commande en cours qui concerne le programme.

Les abonnés peuvent consulter sur place ou emprunter les livres moyennant une adhésion de 200 FCFA annuel pour les enfants et 500 FCFA pour les adultes. Le CLAC compte 565 abonnes dont 263 externes (qui peuvent emprunter)

Le suivi est rigoureux : les bibliothécaires bénévoles font un relevé quotidien (des prêts et de la fréquentation) et un bilan hebdomadaire par écrit qu’ils remettent au coordinateur chargé de rédiger un bilan annuel et de rendre compte.

Le comité de gestion est présidé par le maire, les directeurs d’établissement scolaires y sont représentés ainsi que les responsables des parents d’élèves. Le lycée de Pout est membre de droit du comité de gestion et les bibliothécaires consultent régulièrement le lycée pour les programmes d’animation très orientés vers le soutien scolaire.

Nous avons demandé au chauffeur Cheikh N’diaye, d’aller chercher Gana que nous n’avions pas réussi à joindre au téléphone. Gana lui demandera, sur la route, comment nous avons su l’existence de ce CLAC qu’il nous avait bien caché.

A l’arrivée de Gana, l’ambiance est très tendue. LEA présente sa position : il n’est pas souhaitable de créer une structure concurrente située a à peine 500 mètres du CLAC puisqu’elles auront les mêmes lecteurs. Les avantages de la bibliothèque du CLAC sont nombreux, elle existe déjà et bénéficie d’une logistique que le lycée n’aura pas les moyens de mettre en place : 2 bibliothécaires permanents, un budget d’animation, une salle de projection, un coordinateur régional qui vient chaque semaine et apporte vidéos et autres ressources du centre.
Gana défend la nécessité d’une bibliothèque dans le lycée, insistant sur la nécessité d’une salle d’étude ou obliger les élèves à se documenter pendant leurs heures d’étude !! Horace fait de nombreuses propositions de coopération en direction de Gana.

Nous proposons d’envoyer une palette de manuels pour les classes de lycée 2ème, 1ère et terminales avec lesquels les élèves pourront travailler pendant les interclasses.

La bibliothèque du CLAC de Pout avec ses 5000 livres, n’a pas besoin de l’apport en livres de LEA.

DIOFFIOR

Nous quittons Pout pour Thiès afin d’éviter les travaux sur la route de Mbour. La route entre Thiès et Bandia est vallonnée et boisée. Nous arrivons le soir à Ndangane et hébergeons au campement chez Madeleine (11 000 FCFA par nuit et par personne). Le lendemain, nous nous apercevrons que Le Pélican est nettement mieux et moins cher (15 000 FCFA la demi-pension et chacun dispose d’un bungalow). Nous déménageons.

En chemin nous nous arrêterons à Dioffior pour confirmer la réunion du lendemain matin. Nous avons eu raison, le message Internet envoyé depuis Paris n’a pas été ouvert et les coups de fil sont restés sans effet. Nous allons au lycée puis au CEM pour confirmer le RV et faisons informer les représentants de la mairie et de la jeunesse.

Le samedi matin, la réunion a lieu au CEM, seuls les représentants du monde scolaire sont présents. Nous présentons tous les documents du dossier, refaisons un tour d’horizon des locaux et passons en revue les travaux qu’il reste à faire :
Evacuer les tonnes de manuels qui ne sont jamais utilisés, les étagères en place suffiront pour accueillir les 4000 livres prévus, il suffit de réaménager les étagères en réduisant l’espace entre les différents niveaux et y ajouter un niveau supplémentaire
Un enseignant – Alioune Cissé (tel 949 83 10) - est chargé de s’occuper de la bibliothèque à temps complet. Ce dernier nous informe que seuls les manuels de français l’intéressent, les autres ne sont pas utiles aux élèves contrairement à ce que nous demandent les proviseurs de Pout et de M’backe qui eux souhaitent qu’on leur envoie de préférence des manuels dans toutes les matières scientifiques : maths, physiques, SVT.

Nous revoyons avec le bibliothécaire du CEM et celui du lycée la liste des ouvrages au programme, travail qui complète le recensement fait auprès de monsieur Ba, proviseur du lycée de Pout.

L’après-midi est libre et nous allons visiter le village de Djilor, véritable village natal de Senghor, celui-ci, déclaré à l’état civil de Joal est en réalité né à Djilor, village de son père et de sa mère. Le gardien nous laisse entrer dans la maison familiale située au bord du bolon. Elle reçoit encore de temps en temps des membres de la famille Senghor.

La campagne sérère est belle à voir en cette saison, les récoltes sont en cours pour le mil mais pas encore pour le sorgho et les arachides. Tout est vert, avec des oiseaux partout surtout les tisserands jaunes (mange mil).

Le soir nous assistons à une compétition de lutte sérère simple. C’est le frère de Cheikh qui organise ces compétitions qui commencent après l’hivernage et durent toute la saison.

Cheikh nous explique les traditions et représentations sérères. Par exemple, il est très dangereux de lutter parce que l’on est nu, les commentaires et commérages allant bon train, c’est très risqué car alors on traîne ces commérages dans le dos comme un handicap, sans pouvoir les maîtriser, c’est pourquoi les lutteurs se livrent à toute une série de rites, avant de combattre.

LOUL SESSENE

C’est Rémy N’dofene N’dour qui est notre interlocuteur et coordonne le projet. C’est lui qui nous a transmis la demande. Il est bibliothécaire, diplômé de l’EBAD et exerce son métier à l’école privée CESAG en compagnie de Cheikh N’diaye originaire de Bargny, qui lui a donné notre contact.

Nous sommes attendues par une importante délégation : représentants des enseignants, de la communauté rurale, de la jeunesse. Monsieur Sarr est chargé par la communauté de gérer la future bibliothèque, il est par ailleurs enseignant et responsable des mouvements de jeunesse. Il est peu loquace.

Nous présentons l’association, ses réalisations, les méthodes de gestion qu’elle préconise, les pièces du dossier que nous leur remettons. Nous constatons que Remy N’dofene N’dour a bien fait son travail. La réflexion a déjà eu lieu dans la communauté. Nous partageons le même point de vue sur les différents aspects du projet.

Les locaux affectés sont situés dans l’enceinte des bâtiments de la communauté rurale à côté de l’état civil. La salle est de dimension correcte, cependant quelques travaux d’aménagement sont nécessaires. Nous expliquons le plan des étagères que nous recommandons.

A l’issue de la réunion, Rémy nous fait visiter le village notamment ses curiosités. Une construction ancienne sur la place du marché, elle est en bois et abrite un tam-tam sacré. Elle date de plusieurs siècles, les bois sont d’origine.

Nous nous dirigeons ensuite vers les salines, situées à plusieurs km du village. Tout le monde peut creuser son trou et récolter le sel. La surface de la saline est très importante, elle court tout au long du bolon et les tas de sel sont nombreux. Il y a des difficultés de commercialisation, le sel n’est pas iodé, il est utilisé pour la consommation familiale.

Rémy a prévu un repas chez sa mère (poulet et riz rouge). Dans sa concession les branches des arbres viennent d’être coupées, pour fabriquer un nouveau toit. Il n’y a pas d’ombre et il fait trop chaud à l’intérieur. Nous allons donc nous installer dans la concession des voisins qui s’empressent de balayer sous l’arbre où nous nous installons.

NIAGA

Nous n’avons pas de numéro de téléphone pour contacter Pierre Gomis que nous avions rencontré il y a deux ans suite à la demande de Annie Léon. Nous savons qu’il travaille dans un campement du Lac Rose, nous allons donc dans le premier campement rencontré. On le connaît, mais il ne travaille plus dans l’hôtellerie. Il faut aller au village et demander le mari de Rafina. En fait on ira chez lui, sa femme nous enverra à l‘école mais nous ne trouverons que son fils.
Arrivées à l’école, nous demandons le directeur que nous avions rencontré lors de notre dernière visite. Il n’est pas là, il n’y a qu’un enseignant dans l’école. Il est au courant du projet et nous informe qu’ils ont en parlé dernièrement. Il est toujours prévu d’installer la bibliothèque dans la petite salle juste à côté du bureau du directeur dans l’école neuve construite par les japonais. Ils attendent les livres.
Nous le mettons au courant des modalités pratiques de livraison et lui remettant le dossier préparé à leur intention.
L’école ni aucun des enseignants ne disposent de téléphone fixe ou portable. Pour les appeler, il faut s’adresser au télécentre qui viendra les chercher.

M’BACKE

Nous prenons rendez-vous avec le proviseur du lycée, Abdoulaye N’dao. Il nous a écrit dernièrement nous informant que le lycée neuf était fini et que la bibliothèque finalement resterait dans l’ancien lycée sur la place du marché, ce que nous souhaitions. Nous nous rendons à M’backé distant de 3 à 4H de Dakar.

Monsieur N’dao nous apprend que le lycée va être équipé tout prochainement d’un CDI financé par la Banque Mondiale, le ministère et en partie par l’établissement. La salle réservée sera climatisée, équipée de fenêtres vitrées. Il nous donne un dossier complet avec le détail des équipements et les montants budgétés :10 rayonnages pour un total de 600 000 FCFA, 10 tables, 50 chaises, 1 armoire à 2 portes, 6 ordinateurs. Tout est commandé, ils attendent la livraison promise pour les jours à venir :
Au budget, est également inscrit un montant de 6 millions de CFA pour l’achat de manuels.

Les 2000 livres que nous lui envoyons vont arriver juste pour l’ouverture du nouveau CDI. Dans la mesure des possibilités du conteneur, nous compléterons notre envoi de manuels destinés aux lycées. Monsieur N’dao nous réclame des manuels de maths, sciences physiques, sciences de la nature, enfin tout ce qui est scientifique.

Pour le fonctionnement, il y a un bibliothécaire qui s’est formé sur le tas à Diourbel où il y a une très grande bibliothèque.

Monsieur N’dao est très content de notre visite. Il nous dit avoir la nostalgie de notre dernier séminaire et espère participer au prochain. Il nous a réservé un repas au campement comme la dernière fois.

La situation à M’backé se dénoue au mieux après la réunion de l’an dernier où tous les directeurs des 4 établissements du secondaire (1 lycée et 3 CEM) voulaient chacun leur bibliothèque.

PIRE GOUREYE

Adesha n’a pas ouvert sa boîte courrier Internet depuis juin et les jeunes n’ont pas lu notre message. Par hasard, la première personne à qui nous demandons où trouver Mamadou Seye (l’un des membres d’Adesha) est son père. Ses fils sont en classe, ce sont des jumeaux en terminales au lycée de Tivaouane. Cependant il y a d’autres membres de l’association Adesha à Pire, et il les envoie chercher. Lui-même est surveillant général au CEM et la personne avec qui il bavarde y est professeur de français. En attendant les jeunes, nous leur expliquons nos réalisations, modes de fonctionnement, etc.

Finalement 4 jeunes finissent par se réunir et nous font visiter le local. Le local n’est pas prêt contrairement aux affirmations d’Annie Léon qui est à l’origine de la demande de bibliothèque pour Niaga et Pire Goureye. Elle est enseignante dans le privé catholique à Rennes et conduit avec des scouts des actions sociales dans ces deux villages – maternité, classes …. La situation a même régressé depuis notre dernière visite. Les jeunes d’Adesha nous disent que nos précédents interlocuteurs ne leur ont rien dit.

Nous rappelons donc nos préconisations : boucher les trous de la toiture, des murs et du sol. Installer les étagères, en récupérant les matériaux des étagères de la boutique coloniale et demander à un menuisier de placer des planches intermédiaires en réduisant la largeur des planches existantes (en faire deux dans une).

De plus, le toit de la mairie s’étant effondré pendant la saison des pluies, la salle destinée à la future bibliothèque est pleine des meubles et matériaux déménagés de la mairie dans l’attente de la fin des travaux de réfection.

Nous devons expliquer aux jeunes que les locaux sont loin d’être prêts pour recevoir des livres prochainement. Monsieur Seye père les conseille sur les démarches à entreprendre. Ils sont déçus mais nous leur promettons une dotation lors de notre prochaine expédition. Nous nous engageons mutuellement à nous tenir informés via internet. Ils ouvrent leur boite à partir de la salle informatique du lycée de Tivaouane où ils sont tous élèves.

TIVAOUANE

Nous avions visionné à Paris une vidéo portant à notre connaissance les initiatives de l’association AUPEJ (Actions Utiles Pour l’Enfance et la Jeunesse). Les populations de Tivaouane s’étaient dotées d’un centre communautaire de développement social comprenant une bibliothèque. Tout dernièrement, un article paru dans une revue africaine en parlait également. Article et cassette mentionnaient les coordonnées du responsable : Moussa Diop.

En allant vers Pire, N’dande et Guéoul, nous passons à Tivaouane et faisons un crochet jusqu’au centre communautaire. Nous trouvons facilement le responsable qui nous fait visiter le centre.

Il s’agit d’un bâtiment sommaire construit par eux-mêmes Le bâtiment compte 3 pièces plus une en construction :

  • Une salle pour ordinateur et salle de couture pour les jeunes filles,
  • Une salle utilisée comme garderie
  • Une salle pour la bibliothèque. Elle est assez grande pour accueillir environ 4000 livres, des tables et chaises.
    Actuellement ils n’ont que quelques centaines de manuels en séries donnés par leur partenaire de l’Ile d’Oléron en 1996. Il n’y a aucun livre de lecture loisirs, romans, livres jeunesse. Ils viennent d’acquérir des étagères métalliques non fixes de 3 mètres de long payées 500 FCFA.

Moussa Diop connaît la bibliothèque de Yoff (BOSY) parce qu’il est ami de M’baye Thiaw, le président de l’ADY. Il rêvait d’avoir la même bibliothèque mais personne ne lui avait donné nos coordonnées. Le hasard fait bien les choses. Il promet de s’inspirer des méthodes de gestion de la BOSY, Alioune, qui nous accompagne, l’assure de sa collaboration. Ils attendent la visite de leur partenaire de l’Ile d’Oléron pour février.

Après la visite de Pire, nous déciderons d’affecter à Tivaouane les 2000 livres jeunesse prévus pour Pire.
Tivaouane compte 50 000 habitants.

MECKHE

Sur la route de N’dande, nous déjeunons dans un restaurant, au bord de la route à Meckhé et sommes interpellées par Mamadou Djitté. Il est adjoint au maire de Meckhé, chargé de la coopération décentralisée. Ayant entendu notre conversation il nous interpelle :

Meckhé dispose d’un grand local « la maison de la femme », ancienne maison coloniale remise en état et équipée en mobilier par la mairie de St Dié des Vosges (coût 5 millions de FCFA), ville jumelée à Meckhé. Nous la visitons. En effet, la maison est grande et fraîche. Elle dispose de 2 niveaux. Nous ne pourrons visiter l’étage gardé par un chien aboyeur.
Au rez de chaussée il y a 4 ou 5 salles.

  • Une pour la couture avec 8 machines à coudre Singer,
  • Une salle pour les cours de cuisine avec gazinières et évier,
  • Une salle servant à entreposer le matériel à louer : chaises, marmites, grands bols de cérémonie.
  • Enfin la bibliothèque qui ne semble jamais ouverte étant donné qu’il faut retirer les piles de marmites et bols qui bloquent la porte avant de pouvoir entrer. Il y a des étagères fabriquées par un artisan local et environ 1000 livres donnés par Léo Lagrange Solidarité Internationale mais ces livres ne correspondent pas aux besoins de la population et n’ont jamais été utilisés. Il s’agit surtout de vieilles revues professionnelles.

Les possibilités d’installer une bibliothèque avec des livres jeunesse et le parascolaire nous semble tout à fait envisageable. Nous expliquons à notre interlocuteur nos modes d’intervention et le mode de fonctionnement que nous préconisons pour nos bibliothèques. Pas de problème, il rendra compte à la mairie et, étant président des associations de jeunes, il réunira les ASC, pour recruter des bibliothécaires bénévoles.

Mecke compte 20 000 habitants, 1 lycée, 1 CEM, 7 écoles primaires, 1 CEM privé, 1 maternelle municipale, 1 garderie gérée par le groupement des femmes et animée par une monitrice bénévole.

N’DANDE

Nous téléphonons à M’Baye Fall. Il nous dit que tout va bien mais que la bibliothèque est un peu excentrée et voudrait la rapprocher du centre du village. Il a des idées mais voudrait d’abord nous en parler.

Nous nous rendons chez lui. A l’entrée du village une bande de gosses encercle la voiture. C’est le fils de M’baye Fall et ses amis chargés de surveiller notre arrivée pour nous conduire à la maison. Nous visitons l’élevage de M’baye Fall des poules bleues de Hollande, des pintades très belles, vendues 6000 FCFA la paire, des dindes, un veau. Les 3 vaches sont confiées au peul la journée et c’est son fils qui est chargé de les récupérer le soir pour les faire rentrer dans la cour. Partout les poules couvent leurs œufs. Sa cour est encombrée de milles objets servant de cachettes à ses poules pour y pondre.

Nous discutons de sa proposition, déplacer les livres et les installer soit dans l’ancien foyer des jeunes à réfectionner ou dans les locaux désaffectés de la brigade de gendarmerie. Nous donnons notre accord et nous rendons immédiatement chez le préfet qui est également responsable de la communauté rurale.

Le préfet boit le thé avec ses amis allongés sur une natte à l’ombre des arbres. Il nous reçoit dans son salon décoré à l’européenne avec espace salon et salle à manger et grand tapis chinois en laine. Il nous présente la situation de la communauté rurale :

17000 habitants pour 45 villages dont 95 % de wolofs et 3 % de peuls. La commune est pauvre et n’a pas les moyens de fournir un local. Son budget est de 5 millions de FCFA obtenus par la taxe rurale et la taxe sur les marchés. Cependant il nous assure qu’il fera tout son possible pour trouver une solution.

En sortant de chez lui nous tombons sur une dizaine de dignitaires, tous membres du conseil de la communauté rurale. Nous leur présentons les photos de nos réalisations y compris celle de la bibliothèque de N’dande qu’ils ne connaissent pas. Tous nous assurent de leur soutien.

Avant de partir, nous retournons voir le kalom de N’dande que ni Cheikh ni Alioune ne connaissent. C’est un puit de plus de 50 mètres de profondeur, d’un diamètre de 9 m qui a été creusé par les Socés (mandingues) au 11éme siècle. Selon M‘baye Fall il y en aurait 3 dans le monde, outre celui-ci il y en a 1 en Mauritanie et 1 en Arabie saoudite. Tous les 3 seraient situés à 52 Km de la mer. Il servait de réserve d’eau. Les grands chefs traditionnels se sont réunis devant ce kalom et notamment Lat Dior. Daouda N’diaye nous dira que des pèlerinages vers N’dande sont organisés des autres villes et l’on rapporte de l’eau de ce puit.

OUAKAM

Nous rencontrons Daouda Gueye et Assane Moulay. Depuis le stage, ils ont organisé une animation par mois, mais ont arrêté pendant les vacances. Nous leur donnons les 40 livres de la dotation animation que nous avons apportée avec nous (20 Kg). Ils s’engagent à reprendre les animations avec la rentrée. On les sent découragés, manquant de dynamisme. Daouda sort de l’hôpital où on le soignait pour le palu (par perfusion gouttes à gouttes).

Nous les mettons au courant des démarches entreprises auprès des scouts à Paris pour récupérer leur argent. Ils nous remettent les papiers demandés depuis juin, nous essaierons, de retour à Paris de relancer les scouts.
Ils ont fait un autre camp au cours des dernières vacances mais cette fois avec des financements. Ils ne sont jamais allés jusqu’au village voisin côté rencontrer M’baye Thiaw comme nous leur avions conseillé pour bénéficier de son expertise dans la réalisation de projets communautaires.

Il nous demande de transférer la bibliothèque à l’école Massamba, au prétexte que cette école porte le nom de leur ancêtre. Ils nous demandent de les aider à trouver des financements pour construire une école privée …. Nous remettons les choses au point.

Pour les démarches vis à vis de la mairie, rien n’a été fait. (Marietou Diongue Diop de la DLL, après avoir visité la bibliothèque de Ouakam, à la fin du séminaire organisé par Lire en Afrique en avril dernier, s’était engagée à accepter une demande de financement pour les travaux d’aménagement des locaux = lumière et aération).Nous téléphonons au maire Samba Bathilly Diallo et obtenons un rendez-vous. En fait c’est son secrétaire qui nous recevra ainsi que son chef du protocole, Omar Seck
Nous leur donnons l’information concernant les possibilités de financement des travaux d’aménagement de la bibliothèque du foyer dans le cadre du projet « lecture publique » en leur précisant qu’il reste encore un peu de budget et qu’il faut faire vite, informations que nous tenons de la DLL. Nous leur remettons toutes les coordonnées nécessaires.

Le secrétaire interpelle l’architecte qui passe dans le couloir et nous nous rendons immédiatement dans la bibliothèque pour décider des travaux à prévoir. On se met d’accord sur l’ouverture d’une porte au milieu du grand panneau qui se trouvera juste en dessous de l’escalier et deux fenêtres, une sur chacun des petits murs en vis à vis.

L’architecte propose également de faire déplacer le compteur pour éviter de devoir entrer dans la bibliothèque pour les problèmes électriques du foyer. L’architecte nous dit qu’il va faire le nécessaire, nous lui remettons également toutes les coordonnées des interlocuteurs.

De retour, nous ferons part à Daouda et à Assane de notre mécontentement devant le désordre qui règne à la bibliothèque : les livres mal classés, les bacs à BD en bloc, la natte de l’espace jeunesse repliée. Nous leur demandons de bien vouloir garder la bibliothèque rangée.

BARGNY

La bibliothèque est ouverte et c’est Laye Seck qui tient les prêts. Il y a une européenne qui emprunte 3 livres. Nous apprendrons qu’elle est de Toubab Dialao, citée balnéaire distante de quelques Km. Ils ont plusieurs abonnés européens de Toubab Dialao ainsi que des élèves du lycée de Rufisque qui font le déplacement.

Ils nous rassurent, tout va bien, aucun problème. Pendant les vacances, ils ont ouvert tous les matins et c’est Laye Seck qui tenait les permanences.

Il y a 4 400 livres en rayon et toujours 1000 livres en cartons. Ils en sont à environ 1600 abonnés en cumulé. Laye est très content de son système d’enregistrement des prêts via Excel et ne veut pas adopter le registre malgré tous les risques de pertes d’info ou inexactitudes. Les livres pour enfants n’ont pas disparu mais ils sont tous sortis. Les romans du programme sont toujours là, en particulier notre dernière dotation.

Concernant l’hypothèse d’obtenir un autre local, rien de nouveau. Pas d’avancée du côté de la mairie. La grande salle à côté est vide et sert de temps en temps de salle de réunion. Ils ont été convoqués à la Région de Dakar par Marie N’dao avec les élus régionaux, mais depuis rien.

Selon eux, un projet de construction de la bibliothèque serait en cours, la mairie aurait débloqué sa participation. Ils ne connaissent pas les sources de financement, à tout hasard ils parlent de la Banque Mondiale. Actuellement il y a deux chantiers en cours à Bargny, conduit par l’ADM, le nouveau marché et le dispensaire. Peut être qu’après ce sera la bibliothèque.

SEBIKOTANE

Nous passons à Sébikotane lors d’une permanence. Germaine Coly tient la permanence. Il y a eu des infiltrations dans la dalle et ils ont été obligés de déplacer deux étagères. Les bacs à BD sont toujours en vrac sous la fenêtre et malgré nos 3 séances de reclassement avec formation à l’appui, le classement des livres est toujours autant fantaisiste. Germaine les pose où il y a de la place. Les permanences sont tenues en fonction des disponibilités des uns et des autres. Les lecteurs n’ont qu’à regarder si c’est ouvert. Quand on connaît l’étendue du village et la distance des hameaux ! ! !.

Le registre de prêts montre un laxisme total quant au retour des livres y compris ceux du programme
Bref Babacar n’a formé strictement personne sur aucun des aspects de la gestion d’une bibliothèque. Les bibliothécaires de Sébikotane sont au niveau zéro, tout est à reprendre et ils ont refusé l’offre d’aide d’Alioune. Que faire ?

KEUR MASSAR

Nous passons à l’école. Il y a une foule d’élèves dans la cour mais aucun enseignant. Nous interrogeons les élèves et apprenons que Monsieur Dramé est sorti, certains disent qu’il est à la mairie. La bibliothèque n’est pas ouverte, mais en regardant au travers des vitres, nous constatons que les livres sont toujours là, rien ne semble avoir changé depuis notre dernière visite.

En passant devant la mairie, nous interrogeons une personne qui en sort. Monsieur Dramé vient juste de partir. Lui-même est le fils de Monsieur Aw (l’un des membres de l’association Defar Keur Massar, à l’origine de la demande de bibliothèque adressée à Lire en Afrique), il est lecteur, inscrit à la bibliothèque où il vient d’emprunter » Le Voyage à Tombouctou » de René Caillé.

MATAM

Nous apprendrons qu’en mars 2003, une nouvelle bibliothèque a été créée à Matam. Elle est à la fois

  • Bibliothèque municipale installée en partenariat avec une collectivité locale d’Ardèche
  • Bibliothèque régionale, dépendant de la DLL, et, à ce titre, a reçu 200 livres.
  • Bibliothèque IRESCO et à ce titre a reçu 150 livres en arabe .
    Cette bibliothèque est installée dans l’ancienne mairie Pour ce projet, il y a 3 volontaires à Matam de ADOC (Ardèche).

Lorsqu‘elle est allée à Matam (700 KM de Dakar) la délégation de la DLL n’est pas allée voir notre bibliothèque (5500 livres) au prétexte qu’elle est installée dans un lycée !

APPUI DE LA DIRECTION DU LIVRE ET DE LA LECTURE DU MINISTÈRE DE LA CULTURE AU SENEGAL DLL

Nous sommes reçues par Sandrine Laprie Fourreau, la volontaire chargée par l’ambassade de France d’administrer le projet « lecture publique ». Nous traitons avec elle les différents points :

Port et transport pour Lire en Afrique

Pour la prise en charge au port des 30 000 livres ainsi que leur transport à destination, la DLL, comme promis, dispose d’un budget financé sur le projet « lecture publique » et géré par l’Alliance Française. Toutes les démarches sont à notre charge, mais ils financeront. Nous devons faire faire une facture pro-forma par la société Transène et le remettre au directeur de l’Alliance Française, charge à eux de se rapprocher de Transène pour les modalités de paiement. devis de 900 000 FCFA)

Livres pour DAGANA

En entrant dans le bureau de Sandrine, nous apercevons un carton étiqueté Dagana. Suite à leur visite à Dagana, la DLL a décidé d’attribuer à cette bibliothèque LEA la dotation standard de 160 livres dont on nous remet le détail des titres. Le problème de leur transport vers Dagana nous est clairement posé. Nous nous engageons à en parler au maire de Dagana, Omar Sarr.

N’deye Coumba Diop nous interroge de nouveau à partie au sujet des 3000 livres toujours en cartons à Dagana, qu’elle aimerait récupérer. De nouveau nous expliquons la situation. Cette bibliothèque a été réalisée par LEA dans un partenariat avec le maire Omar Sarr. Les 6500 livres envoyés à Dagana sont destinés à Dagana et pas à un autre endroit. La mairie a voté un budget pour financer la réalisation des étagères complémentaires. Dès livraison de ces étagères, les romans adultes seront installés. La DLL ne peut disposer de ces livres pour un autre usage.

PROJET FSP

Dotation des bibliothèques Projet FSP

Sandrine nous donne la liste des bibliothèques bénéficiaires de la dotation standard : toutes les bibliothèques régionales, et tous les CLAC plus 3 bibliothèques de la mairie de Dakar sur 9 : Derklé, Parcelles Assainies et Sacré Cœur, parce qu’elles sont parrainées par l’alliance française qui y donne des cours dans leurs locaux et certaines bibliothèques associatives

Dotation des bibliothèques Lire en Afrique

Nous rappelons les termes de notre entretien lors de notre dernière visite en avril 2003. Les bibliothèques LEA seraient dotées de livres africains sur la base d’une liste que nous devions fournir, à condition que ce soit les bibliothèques elles-mêmes qui demandent (au passage pour les bibliothèques des CLACS, c’est le coordinateur qui est leur interlocuteur donc deux poids deux mesures).
Nous rappelons que la liste a été adressée au nom de chacune des bibliothèques de notre réseau – via Internet et qu’ils en ont accusé réception. Sandrine ne sait plus, elle regardera…
Au mieux certaines de nos bibliothèques recevront la dotation standard suite à une visite que Sandrine fera dans les bibliothèques de son choix. Nous confirmons notre envoi de liste de livres au nom de chacune des bibliothèques

Projets innovants soumis au FSP

Pour nos projets déposés dans le cadre des projets innovants, rien de nouveau. Alors qu’en avril, Sandrine nous avait dit que sur les cinq projets déposés, deux l’intéressaient : les fonds dédiés à des publics cibles et les valises thématiques et qu’elle souhaitait s’occuper des listes de livres à acheter pour le projet « Fonds dédiés », maintenant c’est à nous de nous en occuper. Quant au projet « valises thématiques » on n’en parle plus.

En fait de projets innovants, le budget attribué va être réparti en achat de quelques centaines de livres distribués à certaines bibliothèques sans que les critères d’attribution soient clairement connus. Comment expliquer les 1000 livres à Pout (25 000 habitants) déjà doté par la francophonie et les 160 à Rufisque (150 000 habitants) ainsi que les complications administratives pour en doter nos bibliothèques ? Ce qui est regrettable c’est leur vision étroite, les livres ne sont pas pour nous personnellement mais pour les populations sénégalaises…et les bibliothèques LEA fonctionnent avec de nombreux abonnés …

Comité de pilotage

Il nous est confirmé qu’Alassane Faye participe au comité de pilotage du projet lecture publique dont la prochaine réunion aura lieu le 30 octobre. Alassane n’a pas demandé de livres pour la BOSY.

Ostracisme

Manifestement, l’attitude de la D.L.L. à notre égard est plus que froid. A l’appui de ces constats sur le sort réservé à nos projets, nous apprendrons par Brigitte Field, qu’au cours d’une réunion officielle à l’Ambassade de France avec les différents attachés culturels, Sandrine, sans avoir pris connaissance du texte, a contesté le choix de LEA pour réaliser l’étude sur l’existant en matière de lecture publique dans la région de Dakar, au motif que nous étions françaises et pas bibliothécaires diplômées.
Brigitte s’est expliquée en précisant que nous connaissions la région par 12 ans de pratique d’installation et de suivi des bibliothèques, qu’étant consultantes de profession, nous avions toutes les compétences pour réaliser ce travail et que, d’autre part, nous avions sa confiance ayant réussi à installer et faire fonctionner des bibliothèques au Sénégal sans générer de cupidité, ce qui était assez remarquable.

PROJET RÉGION DE DAKAR

Papa Amadou GUEYE, chef de cabinet du Président du conseil régional de Dakar, Abdoulaye Faye

Selon lui, à Derklé, la bibliothèque ne fonctionne plus vraiment, les deux bibliothécaires recrutés sont partis travailler dans des banques. Le maire, Pape Diop, a promis du personnel, mais il n’est toujours pas arrivé. Quant au renouvellement des livres, c’est Marie N’dao et sa commission qui décident.
Nous lui précisons que les propositions que nous faisons dans notre rapport ne sont que la réponse aux besoins de Derklé, généralisée à toutes les bibliothèques de la région.
Il nous affirme que, pour lui, le besoin, à court terme, concerne les livres et la relance de la fréquentation. A moyen terme, une construction régionale pourrait compléter le tout.
Lors de cet entretien, Samba Laoubé Diene (S.L.D.), secrétaire général du Conseil Régional de Dakar, entre dans le bureau. Etonné de nous trouver là, il nous interpelle sur la bibliothèque régionale. C’est Pape Gueye qui lui répond, en précisant que le besoin aujourd’hui concerne les livres. Ensuite il nous dira que S.L.D. « embrouille la tête du président ».
Pour le rapport remis à Paris, Pape Gueye nous informe que c’est dans les mains de la commission et téléphone immédiatement à Marie N’dao pour convoquer une réunion.

Commission culturelle de la Région de Dakar

Nous rencontrons les membres de la commission : Marie N’dao, Moussa N’diaye, Meriam Wane, Cheikh Abdoulaye Ba. Les membres et la commission n’ont pas eu le rapport mais ont simplement entendu des ragots à notre encontre dont ils se font l’écho. Nous faisons les mises au point nécessaires. Nous remettons un exemplaire du rapport et présentons les constats, analyses et esquissons les possibilités d’action. Tous les membres semblent partager les constats et déplorent, qu’après notre rencontre en octobre 2002, rien ne se soit passé de concret depuis. Ils souhaitent des réalisations concrètes, visibles des populations, dans leur localité et en particulier Guediawaye. Pour monsieur Ba, pour en sortir, il faudrait que LEA soit le bras technique de la région Paris Ile de France et que l’on implante des bibliothèques de proximité dans les quartiers, ce qui n’est pas contradictoire avec le projet de construction d’une médiathèque.

A l’arrivée de Brigitte, le débat sur les actions s’interrompt et Brigitte précise le contexte. Pour la bibliothèque régionale, la région Paris Ile de France est dans l’attente d’un complément d’étude, il y a lieu de distinguer le court du moyen terme et, en réponse à la question de Monsieur Ba, précise qu’il est toujours possible de réaliser des bibliothèques de proximité. Avant tout projet de réalisation, il est nécessaire que la région de Dakar exprime des demandes claires.

Il se fait tard, les membres de la commission habitent loin, ils veulent lire le rapport et passer au plan d’action concret à réaliser en 2004. Rendez- vous est pris pour le jeudi avec pour objectif d’arriver à des propositions de la commission à faire valider par le président de la région de Dakar.

Curieusement, à la sorte de la réunion, Marie N’dao nous entraîne à l’écart pour nous exprimer qu’étant présidente de la commission, elle peut donc bloquer le projet et elle veut « sa part du gâteau ». Surprise de notre part, les propositions contenues dans le rapport ne signifient pas que nous serons chargées de les mettre en place, d’ailleurs nous n’en avons ni le temps, ni les forces, ni l’envie.

Le lendemain matin, Brigitte recevra un coup de fil de Marie N’dao pour annuler la réunion du jeudi, charge à elle de nous prévenir. Marie N’dao que nous interrogeons par téléphone nous confirme qu’il n’y a aucune possibilité de se rencontrer avant notre départ, elle nous enverra un fax…Comme on dit souvent au Sénégal « pas d’intérêt, pas d’action ».

PROJET MAIRIE DE DAKAR

Après la décision de ne pas doubler les équipements à Pout, nous disposons d’un fonds pour une bibliothèque de 4000 livres. Mamadou Diop nous ayant demandé de l’aider à doter la bibliothèque du centre culturel de Yoff Extension, nous les lui attribuons.

Nous demandons un rendez-vous à Omar N’Doye. Membre comme nous de l’ARYF il y a quelques années, il est rentré à Dakar et s’est lancé dans la politique, en créant son propre parti : le PNS (Parti des Nouvelles Solidarités). Il est maintenant, directeur de la DASS à la mairie de Dakar. Nous souhaitons réfléchir avec lui aux modalités pratiques de mise en place d’une bibliothèque au centre culturel de Yoff Extension. Il nous propose de le rencontrer le soir sur sa terrasse.

Omar N’doye est au mieux avec Pape Diop - maire de Dakar et Président de l’Assemblée Nationale. Il le voit tous les jours et est très bien placé dans son entourage. Pour les livres destinés au centre socio-culturel de Yoff, il nous informe que Mamadou Diop, maire de Yoff, n’est pas concerné parce que c’est la mairie de Dakar qui gère directement les centres culturels.

Le recrutement du personnel est en cours, la préférence est donnée au personnel de la commune. Pour Yoff, Omar n’a pas trouvé de yoffois ayant les diplômes permettant de prétendre au poste de directeur, le directeur sera donc recruté à l’extérieur. Pour le poste de bibliothécaire, il a cherché un diplômé de l’EBAD, il n’y en a pas à Yoff, mais une jeune fille qui habite Mermoz détient le diplôme et sa mère est yoffoise. Ce sera donc elle qui sera choisie.

Nous évoquons au passage les relations entre Mairie et Région de Dakar. Il nous informe que la Région est de création récente, elle n’a pas prise sur le concret. C’est la ville de Dakar, sur le plan culturel par exemple, qui gère directement les centres socio-culturels. Sur le plan de la santé c’est pareil, c’est la ville qui a en charge les centres de santé et hôpitaux. De plus, la ville dispose d’un personnel nombreux pour exécuter ses projets, des budgets conséquents, des partenariats très variés. Par exemple, le Canada (Etat) a un partenariat direct avec la ville de Dakar.

La région, quant à elle n’a pas de moyens, pas de personnel, de petits budgets qui lui permettent au mieux d’assurer des représentations à l’étranger. Elle a en direct la gestion des lycées. Les relations entre Pape Diop -maire de Dakar et Président de l’Assemblée Nationale - et Abdoulaye Faye - Président du Conseil Régional - sont cordiaux. Ils appartiennent au même parti, le PDS, mais une certaine rivalité existe cependant du fait qu’Abdoulaye Faye revendiquait la Mairie de Dakar, attribuée finalement à Pape Diop la Région lui a été donnée comme lot de consolation.

Pour ce qui concerne la bibliothèque de Yoff, Omar nous propose de passer le voir à la mairie de Dakar le lendemain à 9 H au 5eme étage de l’immeuble communal, il nous présentera à son collègue Monsieur Signaté - directeur des Affaires Culturelles à la Mairie de Dakar.

Lorsque nous arrivons, Omar a été appelé à l’extérieur mais il a eu le temps de mettre son collègue au courant et sa secrétaire nous fait entrer dès notre arrivée.
Monsieur Signaté nous confirme que 10 des 13 nouveaux centres culturels sont livrés. Le mobilier est prêt, il sera livré dans 2 à 3 semaines. Pour les livres, rien n’est prévu et le budget de la ville ne pourra faire face à cette charge, il a donc besoin d’une aide extérieure et il prend donc notre proposition de dotation pour une aubaine.

Pour les modalités pratiques, il nous demande de faire livrer les palettes à la DAU (Direction de l’Aménagement Urbain) où un comptable matière les enregistrera. Nous insistons pour que la dotation ne concerne que la ville de Yoff et nous souhaitons que l’intégralité du fonds tel que nous l’avons constitué parvienne à Yoff. Il nous répond que ce sont les procédures de la ville et qu’on ne peut y déroger.

En sortant de son bureau, la secrétaire de Omar nous intercepte et nous demande d’attendre son retour. Nous lui faisons part de nos réticences quant aux modalités de livraison. Immédiatement, comprenant nos craintes, il précise que seuls les achats doivent passer par la DAU, les dons peuvent être affectés directement. Son collègue n’est pas au courant, il ne reçoit jamais de dons. Quant à lui, dernièrement, il a reçu un conteneur de lits, sièges dentaires et autre matériel hospitalier, il a envoyé un camion et fait livrer le matériel directement dans les hôpitaux.

Il nous propose d’adresser les livres, à lui personnellement, et de les faire livrer directement à Yoff. Il s’en chargera.

PROJETS FUTURS

Déclaration d’une association de droit sénégalais

Nous nous rendons au ministère du développement social pour accomplir les formalités de déclaration de LEA SENEGAL. On nous envoie vers le Directeur du Développement Communautaire Monsieur Babacar Ciss, rue Berranger Ferrault, face au Conseil d’Etat.

Il nous conseille une autre solution que la création d’une association de droit sénégalais qui nous ferait redémarrer à zéro et attendre deux ans avant de recevoir l’agrément.
Puisque nous existons depuis plusieurs années, pour garder notre antériorité nous devons simplement demander l’autorisation d’exercer au Sénégal et ensuite éventuellement demander le statut d’ONG
Pour ce faire nous devons lui remettre un dossier constitué de :

  • Une demande d’exercer au Sénégal : lettre à l’attention du ministre du développement social et de la solidarité nationale expliquant que LEA est une association française qui souhaite exercer au Sénégal.
  • Les statuts tels qu’ils ont été déposés en France en double exemplaire
  • La liste des membres fondateurs (nom, prénom, date et lieu de naissance, nationalité, profession)
  • Un mémorandum de nos activités tant en France qu’au Sénégal, nos réalisations, le coût des réalisations, les bénéficiaires des réalisations, les sources de financement des réalisations : fonds propres, bailleurs. Préciser le domaine d’activité (Culture).
  • Le programme indicatif pour les 2 à 3 ans à venir en respectant le même plan que celui du mémorandum.
  • Une adresse au Sénégal (Boite Postale).
  • Un contact au Sénégal.

Lycée de Rufisque

Brigitte Field, de retour du nouveau lycée de Rufisque nous fait part d’un message de Mamadou Diallo le censeur pour LEA. Il souhaite que nous lui envoyions des manuels. Effectivement nous sommes au courant des avatars arrivés aux 2 tonnes de manuels neufs envoyés par Marlène qui, destinés à Rufisque sont arrivés au Togo par les bons soins d’une association d’anciens combattants.

C’est un projet que nous pourrons réaliser l’année prochaine.

Caravane médiatique

Alassane Cissé, directeur de la communication au ministère de la culture se souvient de nous. Nous lui avions été présentées par Mamadou Samba lors de la FILDAK 2001. A son tour, il nous avait fait rencontrer Safiatou N’diaye Diop, alors conseillère littéraire du président Wade et actuelle ministre de la culture. Nous lui présentons nos réalisations et l’informons que nous mettons en place cette année 6 nouvelles bibliothèques en envoyant au Sénégal 30 000 livres. Immédiatement, il nous propose de faire connaître notre action. Etant président des journalistes culturels africains, il nous propose d’organiser une caravane médiatique lors de notre prochain séjour, à planifier. Il convoquera les journalistes de la presse écrite et parlée ainsi que la télévision et la caravane se rendra dans les bibliothèques, y compris dans les villages.

Nous convenons d’échanger sur ce projet par Internet à partir de novembre pour monter l’opération.
Nous devons travailler à un concept, un slogan, une affiche, prévoir le circuit de la caravane, etc.